Hôtel de France
Ancien Hôtel de la Poste
Ode à l’aubergiste
C'est un principe avoué et reconnu par tous les vrais gourmands, que l'on ne saurait bien manger lorsque l'on mange seul. Entrez chez le plus fameux restaurateur ; observez trente personnes qui dînent à trente tables isolées, et vous ne remarquerez sur le visage d'aucun cette joie pure, cette douce hilarité qui doit se peindre sur toute face gourmande pendant l'exercice des fonctions dégustatrices; chacun a plutôt l'air de prendre en hâte une indispensable réfection que de faire avec réflexion et maturité un bon dîner.
Il en est à peu près de même de tous les plaisirs que l'on se procure en ce bas-monde ; il faut être au moins deux pour les bien goûter ; et il en est tels qui ne sont jamais plus vifs que lorsqu'ils sont partagés avec un très grand nombre de personnes. Le meilleur spectacle, le concert le plus harmonieux, le discours le plus éloquent ne vous fera qu'un plaisir médiocre si la salle est déserte : chaque spectateur est pour son voisin un spectacle : on s'électrise réciproquement, et les émotions ne sont jamais plus vives que lorsqu'elles sont ressenties par une grande multitude.
Il en est de même à table ; à chère égale, à service égal, plus elle est nombreuse, et plus on mange : l'appétit se développe par l'exemple ; une sainte émulation s'empare des convives, et la conversation, qui fait couler les heures, fait aussi digérer les morceaux. On ne craint point de paraître un gros mangeur quand tous les appétits sont à l'unisson ; et tel convive qui, s'il était seul, mangerait à peine un poulet, encouragé, enhardi, aiguillonné, stimulé par ses voisins, dévore un aloyau sans presque s'en apercevoir.
(1) Journal des gourmands et des belles, ou, L'épicurien français, Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de La Reynière - 1807
L'Hôtel de France est encore debout, route nationale à Ruffec en Charente. A l'origine, c'était l'Hôtel de la Poste aux chevaux. Bien des Ruffécois ne se doutent un seul instant du passé prestigieux de cet établissement.
Depuis le 1er mai 1902, le grand hôtel des Postes tenu par M. Claudot (gendre Deschandeliers) prit le nom de grand hôtel de France, pour mettre un terme à la confusion qui existait entre cet établissement et celui de M. Poste, propriétaire de l'hôtel des Ambassadeurs. (Christophe Rinolfi, Ruffec son histoire, page 172).
Le Grand Hôtel de France en 1900.
Voici ci-dessous les liens qui permettront de visiter l'histoire de cette grande maison de la cuisine française par étapes succésives, de sa création à quasiment sa fermeture à la fin des années soixante.
Thorel est le cuisinier qui a tout créé (cliquer)
Il fut succédé par Deschandeliers (cliquer)
Lui-même succédé par son gendre Claudot (cliquer)
Lequel a vendu à Rouillon en 1929 (cliquer).
Léon Rouillon et son fils Roger achètent l'Hôtel de France lors de cette vente.
L'Hôtel de France à la fin des années cinquante.