L'Abbaye de Nanteuil-en-Vallée


Préambule : l'ouvrage le mieux documenté et le plus récent (2010) est incontestablement celui, remarquable, de Jean-François Comte, Ruffec au Moyen Âge, l'abbaye carolingienne de Nanteuil-en-Vallée et la seigneurie de Ruffec (858-1455).
Citons le : «Le qualificatif de cella de Nanteuil est cité pour la première fois le 27 novembre 858 dans un capitulaire de Charles le Chauve. «Fondée en l'honneur de Saint-Benoît», le petit fils de Charlemagne donne l'abbaye à l'église cathédrale Saint-André de Bordeaux. Il ne s'agit que d'une copie d'un diplôme royal que les historiens spécialistes des actes considèrent aujourd'hui comme n'étant pas un faux. Suit alors une longue éclipse documentaire d'un siècle et demi. Il faut attendre l'épitaphe du premier abbé de Nanteuil Aimeri 1er «l'an de l'incarnation 1002, la veille des calendes de février», pour retrouver une mention de l'établissement. Cet original, le plus ancien document connu à ce jour, est une pierre calcaire recouverte d'ardoise importée, de 20 sur 23,4 cm.
Lovée dans un vallon fermé en hémicycle et où jaillissent deux sources, l'abbaye s'est développée sur la rive droite de l'Argentor, petit affluent de la Charente, sensiblement à mi-chemin entre sa source et son confluent en aval de Verteuil, et en un lieu où le bois et la pierre abondaient. Rappelons que le toponyme de Nanteuil vient de la racine celte nantos qui signifie «clairière de la vallée». Son implantation résulte d'une logique de contrôle des chemins stratégiques et de centre de noyaux d'habitations anciens mais pas seulement. L'abbaye ne disparaît pas dans l'élan révolutionnaire de 1789 mais suite à un décret du 10 novembre 1770 de Mgr Martial Louis Beaupoil de Saint Aulaire, évêque de Poitiers. Ses biens et ses revenus sont alors remis au séminaire Saint-Charles de Poitiers.»


Avant la Révolution
La châtellenie de Nanteuil
comprend quatre paroisses et quelques portions d'autres (Ligné, Lonne, Messeux, Moutardon, Nanteuil (ville), Pougné et Celette, Salles et Touchimbert, Vieux-Ruffec); elle appartient aux abbé et religieux de ce nom, de l'ordre de Saint-Benoît séculier non réformé, qui y ont une maison prieurale avec six ou sept religieux; les places monacales y valent 800 livres de revenu et l'abbé jouit de 4,000 livres (c'est M. de Nesle).
Nanteuil-en-Vallée, joignant cette maison (l'abbaye), est un bourg fort mal situé sur les confins de l'Angoumois et du Poictou, à huit ou neuf lieues d'Angoulesme, en assez mauvais pays et hors de portée de tout commerce.


La généralité de Limoges, créée en 1577, comprenait 5 élections : Limoges, Tulle, Brive, en Limousin; Bourganeuf, dans la Marche; Angoulême en Angoumois. L'élection d'Angoulême était divisée en 6 subdélégations : Angoulême, La Rochefoucauld, Blanzac, Baigne, Ruffec, Chabanais et Montmoreau. Ces subdélégations étaient administrées par des préposés placés sous les ordres de l'intendant et nommés par lui.

Les foires à Nanteuil
A Nanteuil-en-Vallée, il y a quatorze foires qui se tiennent la 1ère le second jeudi et le 25 de janvier; la 2e le second jeudi de février; la 3e le second jeudi de mars; la 4e le second jeudi d'avril, la 5e le 25 avril; la 6e le second jeudi de mai; la 7e le second jeudi de juin; la 8e et la 9e le premier et le second jeudi d'août; la 10e le second jeudi de septembre; la 11e le second jeudi d'octobre, la 12e le second jeudi de novembre, la 13e et la 14e le 6 décembre et le deuxième jeudi du même mois.

La commune de Nanteuil-en-Vallée a acquis l'ancienne abbaye en 2006. L'abbaye est aujourd'hui devenue le site incontournable à visiter. Il reste à faire monter en puissance l'acceuil du site (pédagogie et moyens vidéo, expositions, cartes des abbayes et prieurés du Poitou, stages d'histoire, randonnées pédestres, équestres, calèches, etc.). Et travailler au niveau CDC élargie...
A lui seul le village «vaut le détour», disent les brochures touristiques, surtout depuis que la commune a ressuscité un ancien arboretum pour en faire ce qu'elle a joliment baptisé les «Jardins de l'Argentor», du nom du délicieux ruisseau qui irrigue la vallée. Et le village.
Comme il est possible de rêver, il serait bien d'acquérir l'ancienne pisciculture pour allonger le circuit de visite, et d'y aménager un théâtre de verdure. Ainsi, spectacles et conférences, congrès, dans l'Hôtellerie attirerait le public en nombre, d'autant que côté restaurant, Nanteuil possède un must ! Il reste toutefois la question de l'hébergement... Aie aie aie en Ruffécois !


Monument historique
Classé au patrimoine culturel de France par l'INSEE sous la référence PA00104442.
- Le bâtiment carré, dit Salle du Trésor : classement par arrêté du 24 septembre 1943.
- Façades et toitures des Grands Greniers (cad. C 215p) : classement par arrêté du 14 mai 1962.

L'Abbaye Notre-Dame et Saint-Benoit de Nanteuil-en-Vallée (la légende...)
"Nanteuil-en-Vallée possédait autrefois une abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, fondée par Charlemagne (légende), selon l'opinion commune. Ruinée par les Normands au début du Xe siècle, elle fut reconstruite vers la fin de l'an 1000, grâce aux largesses des seigneurs voisins, et reçut de nombreuses donations aux XIIe et XIIIe siècles. Incendiée par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans, elle se releva encore une fois de ses ruines et subsista jusqu'en 1770, date à laquelle elle fut supprimée par l'évêque de Poitiers. Il n'existe plus de ce magnifique monument qu'une belle ruine appelée le Trésor de Nanteuil: c'est une tour carrée, ornée sur chaque face de trois hautes arcatures.
"Près de l'abbaye coule un ruisseau, dont les eaux très froides ont une nature pétrifiante Il sort d'un souterrain dont l'issue, selon la croyance du pays, se trouverait près de Charroux, à 28 kilomètres de distance."
"Voici une légende, relative à la fondation de l'abbaye, telle qu'elle me fut maintes fois contée par les anciens du pays. C'était en l'an de grâce 8 ou 900. De nombreux ouvriers travaillaient à élever les murs d'une abbaye, près de Charroux (Vienne). Tous étaient des environs, sauf un, venu on ne sait d'où. Il parlait peu, travaillait beaucoup et avec grande habileté. Un jour ses compagnons, revenant au chantier virent l'inconnu déjà monté sur son échafaudage. Son visage était entouré d'un nimbe lumineux. Il prit son marteau, le plaça sur une pierre et lança le tout dans l'espace en disant: "Où cette pierre tombera une autre abbaye s'élèvera et
un chemin souterrain à Charroux la reliera."
Quand les ouvriers stupéfaits eurent vu la pierre disparaître à l'horizon, ils tournèrent les yeux vers l'échafaudage, mais l'inconnu avait disparu. On ne le revit jamais. La pierre tomba à Nanteuil et une autre abbaye s'éleva en ce lieu, près d'un souterrain dans lequel coule un ruisseau. L'eau du souterrain coule toujours dans le jardin bien abrité des anciens moines; mais maintenant, à sa sortie, elle alimente les bassins d'un établissement de pisciculture. Ensuite, passant sous les rues, sous les maisons, elle va se perdre dans le clair et joli ruisseau de l'Argentor."

Mme Sabelle, Institutrice à Villejésus. Bulletin Départemental de la Charente, Études Locales, 1re année, n. 3, juillet 1920.


 
 
"Les premières fondations de l'abbaye datent de l'ère carolingienne. Les XIe et XIIe siècles furent une époque florissante pour cette imposante abbaye bénédictine. Il ne demeure aujourd'hui que des vestiges et un exceptionnel bâtiment, «le trésor roman». Cet édifice en forme de donjon carré servait de dépôt aux archives et objets précieux du monastère.
Le site paysager comporte également un long et beau bâtiment classé, appelé "
Les grands greniers" qui servait d'hôtellerie à l'Abbaye.
Nanteuil-en-Vallée bien située, bien arrosée, bien ensoleillée, discrète, bénéficie d'un environnement superbe, d'un magnifique patrimoine avec les restes de son abbaye, d'un cadre exceptionnel avec son arboretum, et d'excellentes tables."

Entrée de l'abbaye, près du Trésor restauré.


 

1. Eglise abbatiale, 2. Tour du Trésor, 3. Hôtellerie, 4. Logis abbatial, 5. Cellier, 6. Cloître, 7. Plan d'eau.

On entre aujourd'hui par le porche érigé entre 2 et 3. "On pénètre dans l'Abbaye de Nanteuil-en-Vallée par une porte en impasse au fond d'une petite ruelle obscure, triste et moyenâgeuse. Le seuil franchi, c'est un éblouissement !
Un magnifique panorama de verdure, de fleurs, de fruits, de cascades mouvantes et de bassinsétincelants enchâsse admirablement les restes du vieux cloître.
Le site est délicieux. Qu'on s'imagine un cirque fermé au Nord, à l'Est et à l'Ouest par une chaîne depetites collines boisées au flanc desquelles, par étages successifs, des terrasses chargées de frondaisons dévalent dans la direction du Midi pourvenir, en une pente adoucie, former au centre une adorable esplanade." (Pierre Auberon)

A gauche, le logis abbatial, au fond au centre l'hôtellerie, à droite le Trésor.
 
Nanteuil en Vallée (André Beaunier, moine bénédictin - 1726)
"Nanteuil en Vallée, en latin, de Nantolio, feu Nantolium in Valle, située en Poitou, dans le bourg ou village du même nom, au confluent des petites rivières d'Or & d'Argent, à sept lieues d'Angoulême, du côté de l'Orient d'Esté, & à douze de Poitiers, vers le Midy. Elle fut fondée par Charlemagne, dans un lieu qu'on nomme fosse, & elle fut rebâtie en 1046, par le Seigneur de Chateau Roussy. Il y a vingt-deux bénéfices qui en dépendent, parmi lesquels il n'y a qu'un seul prieuré. Cette abbaye est d'anciens Bénédictins de la Congrégation des Exempts. Les religieux ont chacun leurs appartemens separés mais ils mangent en commun. Il paroît par les mazures des lieux réguliers, que ce monastère étoit autrefois assez considerable."


Nota : L'Argent et l'Or n'ont pas attendu de traverser Nanteuil-en-Vallée pour mêler leur eaux et devenir l'Argentor... plus en amont, entre les moulins de Guitry et de Basset à l'ouest de Champagne-Mouton.

Nanteuil en Vallée (Cl. Marin Saugrain - 1726)
"Abbaye d'Hommes, Ordre de S. Benoît, Diocèse de Poitiers, Archiprêtré de Ruffec. Elle est située prés d'un rocher, qu'on appelloit anciennement la Fosse-du-Loup, & arrosée par deux petits ruisseaux qui y prennent leur source , dont l'un s'appelle d'Or, & l'autre d'Argent, & qui se jettent à une lieue de là dans la rivière de Charente. Elle a pour Patrons la Sainte Vierge & S. Benoît. Ses anciens enseignemens lui donnent pour auteur Charlemagne ; en effet la partie de son église qu'on appelle le sanctuaire se ressent du temps de ce Prince. On tient qu'elle fut d'abord construite dans la vallée où il avoit bâti l'Eglise de S. Martial. Elle existoit avant l'an 1003. que S. Abon Abbé de Flevy y passa en retournant pour la seconde fois à la Réole, c'est-à-dire, à son Monastère d'Esquirs. La Chronique de Maillezais apprend qu'il fut bâti une seconde fois l'an 1046. par un Seigneur du Château de Russac, vraisemblablement Adhémare de la Rochefoucault. Ce fut aussi vers cette même année que le Pape Clément, sans doute le II. du nom, exempta ce Monastère de la jurifdiction de l'Evêque de Poitiers, & le soumit immédiatement au Siège Archiépiscopal de Bordeaux. Il y a vingt-deux bénéfices qui en dépendent ; le revenu de l'Abbé est d'environ quatre mille livres. On y compte jusqu'en 1708 quarante-huit abbés."

De nombreux prieurés et paroisses dépendaient de l'abbaye

Diocèse de Poitiers
- Autour de Villefagnan
  • Prieuré Salles-de-Villefagnan, 500 livres, 1 prieur et 2 religieux.
  • Prieuré  La Faye, 400 livres, 1 prieur et 2 religieux.
  • Prieuré  Embourie, 160 livres, annexé à l'aumonerie. (http://villefagnan.wifeo.com/)
- Autour de Ruffec
  • Prieuré  Ruffec, 120 livres, 1 prieur et 1 religieux.
  • Prieuré  Verteuil, 120 livres, 1 prieur et 1 religieux.
  • Prieuré  Aizecq, 60 livres, annexé à l'infirmerie.
  • Prieuré  Saint-Jean Baptiste de Nanteuil, 40 livres, annexé à la sacristie.
  • Prieuré  Bois-Augeais, non estimé, claustral.
  • Prieuré  Vieux-Ruffec, 400 livres, 1 prieur et 1 religieux.
- Au nord de Ruffec
  • Prieuré  Voulême, 40 livres, claustral.
  • Prieuré  L'Ile aux Moines, 70 livres.
  • Prieuré  Arcenezac (Usseau) (?Lévignac, 400 livres, 1 prieur et 1 religieux).
- A l'est de Ruffec
  • Prieuré de Saint-Martin-de-la-Créance et Ansac son annexe, 70 livres.

Diocèse d'Angoulême
  • Prieuré  Ligné ???.
  • Prieuré Couture, 70 livres, claustral.
  • Saint-Mary, 80  livres, 1 prieur et 1 religieux
Diocèses d'Angoulême et Périgueux
Prieuré Saint-Denis de Montmoreau, 600 livres, 5 religieux et 1 prieur.

Diocèse de Saintes
Prieuré de Saint-Christophe, 60 livres, annexé à la chambrerie.
 
Diocèse de Bordeaux
Prieuré de Cubzac, 60 livres bordelaises, claustral.

Diocèse de Bazas (c)
Prieuré de Saint-Martin de Flammac (Flaminac),
250 livres bordelaises, 1 prieur et 1 religieux.

Diocèse d'Agen
Prieuré de Cabirac, 70 livres, 1 prieur et 1 religieux.


Les églises de nombreuses paroisses étaient à la collation de l'abbé de Nanteuil (qui nommait leurs curés)...

Moines, monastères et prieurés charentais

Le revenu des dîmes des paroisses tenues par l'abbaye de Nanteuil-en-Vallée ne laissait au curé le plus souvent qu'une portion congrue. Exemple à Embourie en 1730 "Déclare ledit curé qu'il jouit seulement de la tierce partie moins un 16e des grandes dîmes et des deux tierces parties moins un 16e des vertes et menues dîmes appartenant audit sieur prieur, et qu'il a délaissé à ladite cure avec le droit de huitain sur environ 60 boisselées des terres sises dans ladite paroisse d'Embourie... que les droits délaissés ont été pour lors estimés valoir plus que le supplément de ladite portion congrue suivant et conformément à la transaction d'une copie et ci attachée et de moi signée pour avoir l'original, ladite transaction passée entre frère Charles Regnault religieux aumônier de l'abbaye de Notre-Dame de Nanteuil-en-Vallée d'une part, et maître René Bazin prêtre curé d'Embourie par Touchard notaire royal en date du 7 septembre 1657 et homologuée par le chapitre de la dite abbaye le 15 octobre même année, signé Trillaud notaire et scribe du chapitre.
Déclare ledit curé qu'outre les 60 boisselées de terres ci-dessus, ledit sieur prieur en a délaissé environ 40 autres en chaume de temps immémorial, et qu'il n'a aucune apparence que jamais elles sont mises en culture, parce qu'elles sont éloignées, qu'il n'y a pas d'habitants suffisant, et qu'elles sont absolument infructueuses à cause des rocs et de l'eau dont elles sont remplies en sorte que le curé soussigné fait un abandon de tous les droits ci-dessus délaissés audit sieur prieur au mois d'août 1724 devant Monsieur le lieutenant-général d'Angoulême qui a été signifié audit sieur prieur audit temps, ledit abandon par ledit curé à la charge par ledit sieur prieur de "parfournir" en argent ce qui manque au revenu de la paroisse..."

Chronologie succinte

  • 27 novembre 858 : 1ère mention de l'abbaye.
  • IXe-début Xe siècle : l'abbaye aurait été détruite par les Normands (?)
  • 989 : l'abbé de Nanteuil est nommé par l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers en accord avec l'archevêque de Bordeaux Gombaud d'où infliuence directe du duc d'Aquitaine et comte de Poitiers. Après avoir adopté la forme de vie canoniale revient à la règle bénédictine.
  • 998 : l'abbaye passe sous la protection du comte d'Angoulême en même temps que le castrum de Ruffec.
  • 1002 : épitaphe de l'abbé Aimeri 1er de Nanteuil.
  • 1004 : étape d'Abon de Fleury.
  • 1010-1013 : mention de la 1ère église Saint-Benoit de Nanteuil.
  • 1047 : construction de l'église abbatiale Notre-Dame de Nanteuil, mention de la protection du lignage de Ruffec.
  • 1051 : mention de l'abbaye dans le rouleau des morts de de Guifré, comte de Cerdagne et moine de Saint-Emilion au vicomte de Castillon.
  • 1080 : achat du locus de Saint-Emilion au vicomte de Castillon. Revendication d'un temporel plus large.
  • Dans le 1er tiers du XIIe siècle, chantier roman concernant l'église abbatiale, le cloître, série de tympans et chapiteaux (déposés au musée Sainte-Croix de Poitiers).
  • 1112 : apparition de nouvelles formes de vie religieuses concurrentes : prieuré Fontevriste de Tusson, commanderie des Templiers de Villegats, tensions vives entre les différents domaines monastiques. Multiplication des procès. Arbitrage papal.
  • 1165 : acte de confraternité avec l'abbaye bénédictine de Charroux.
  • XIIIe siècle : chantier gothique, reconstruction du cloître, de l'hôtellerie, de l'église prieurale Saint-Jean-Baptiste.
  • 1337-1453 : guerre de Cent Ans.
  • 1534 : régime de commende.
  • 1422-1429 : début de la reconstruction.
  • 1563 : destructions liées aux guerres de religion.
  • 1534-1535 : Benoît Tagliacarne, évêque de Grasse, 1er abbé commendataire.
  • 1770 (10 novembre) : décrêt de l'évêque de Poitiers, Mgr Martial Beaupoil de Saint Aulaire. Les biens et revenus de l'abbaye sont remis au séminaire Saint-Charles de Poitiers.
  • 1790 et XIXe siècle : l'abbaye devient carrière de pierres.
  • 1793 : l'abbaye est vendue comme bien national.

L'hôtellerie a été superbement restaurée
Cet édifice du XIIIe siècle n'a pas d'équivalent pour sa conservation en Poitou, il est classé monument historique depuis le 14 mai 1962. Cette bâtisse mesure 58 mètres de long. Au rez-de-chaussée, trois salles en enfilade séparées par des murs de refend ; au 1er étage, même disposition que dessous.



Intérieur de l'hôtellerie restaurée, exemple d'une salle d'exposition.


Cellier et logis abbatial.

Cellier et logis abbatial.


La tour du Trésor en 1913.


La tour du Trésor en 2013. (Sud et Est)

Située à 8,30 m de l'abside du transept, tour architecture civile de 11 m de côté. Deux salles carrées superposées. Un pilier cantonné de 4 colonnes engagées supporte des chapiteaux. Le Trésor contenait les reliques de l'abbaye... mais la destination première était de servir de tour de guêt. Cette tour est transformée en chapelle basse et haute après la guerre de Cent Ans.

Intérieur de la Tour du Trésor.

Après l'incendie et le pillage par les bandes anglaises durant la guerre de Cent Ans (1337-1453), le Trésor était resté vide. On déposa alors dans la salle basse les ossements exhumés pendant les déblaiements exécutés dans les ruines et, cette partie de l'abbaye fut appelée le Charnier.

La grotte des fées...


Le cloître disparu est figuré par une haie. Au fond, vestiges de l'église abbatiale. Espace de circulation, espace de méditation...

Le chevet de l'abbaye fait l'objet de fouilles scientifiques.

Dépôt de vestiges de l'abbaye au musée Sainte-Croix de Poitiers.
"Sauvées par la Société des antiquaires de l’Ouest lors de la destruction de la salle capitulaire de l’abbaye de Nanteuil-en-Vallée, en1844-45, les sculptures de Nanteuil-en-Vallée ont été restaurées et sont montrées pour la première fois dansleur ensemble. D’une grande unité stylistique, cet ensemble témoigne de l’influence du travail de l’ivoire et de l’enluminure sur la sculpture romane."


Orientée nord-ouest/sud-est pour tenir compte de la géographie des lieux. L'église est longue de 28,60 m hors d'oeuvre, elle comporte 6 travées rythmées à l'intérieur de colonnes engagées sur dosseret. La nef devait être couverte d'un berceau scandé de doubleaux. Le type de voûtes n'est collatéraux n'a aps été détermine. Le transept est long de 12,50 m et se divise en 3 travées pour uen largeur totale de 8,60 m, il possédait 2 chapelles orientées.
Le chevet, rond-point avec un déambulatoire, et 5 chapelles rayonnantes, révèle l'appartenance de cette église au style des églises de pélerinage de Saint-Jacques de Compostelle.

L'abbaye bénédictine de Nanteuil-en-Vallée
 
Des sépultures disposées autour du chevet révèlent un cimetière.



Vestiges du portail vu de l'intérieur de l'église abbatiale.


Vers 1910...
Vue de l'extérieur, côté pisciculture, du portail central de l'église abbatiale vers 1910.
Ce portail a été remanié plusieurs fois, composé sur la façade extérieure de 6 voussures nues en plein cintre sous archivolte avec deux arcs aveugles à 2 rouleaux.


Vestiges de l'église abbatiale Notre-Dame et pisciculture vers 1930.


(CP de 1965) Portail transept ouest, chapiteaux à épannelage corinthien et voussure plane avec claveaux en dents d'engrenage, seconde moitié du Xie siècle. Partie privée, ne se visite pas.


Grotte de la source.


Bassins piscicoles creusés le long de l'église abbatiale.


"On pénètre dans l'Abbaye de Nanteuil-en-Vallée par une porte en impasse au fond d'une petite ruelle obscure, triste et moyenâgeuse. Le seuil franchi, c'est un éblouissement !
Un magnifique panorama de verdure, de fleurs, de fruits, de cascades mouvantes et de bassins étincelants enchâsse admirablement les restes du vieux cloître.
Le site est délicieux. Qu'on s'imagine un cirque fermé au Nord, à l'Est et à l'Ouest par une chaîne depetites collines boisées au flanc desquelles, par étages successifs, des terrasses chargées defrondaisons dévalent dans la direction du Midi pourvenir, en une pente adoucie, former au centre une adorable esplanade." (Pierre Auberon)
 

Histoire de l'abbaye... publiée en 1914 (J. Martin-Buchey)
Cliquer aussi sur les liens dans le même répertoire.

 

 

Que sont devenues les pierres de l'église abbatiale ?

Elles ont permis de construire les grands moulins de Condac : "Cette minoterie à meules construite en 1771, sur l'ordre du comte de Broglie, [avec une partie des matériaux provenant de l'abbaye de Nanteuil-en-Vallée] est la plus importante de la Charente (ce qui est sans doute la cause de sa non modernisation en minoterie à cylindres).

http://gastronomeruffec.wifeo.com/les-moulins-de-condac.php

Au XIXe siècle, l'abbaye a été utilisée comme carrière de pierres.


Des abbayes dépendaient de nombreux prieurés : exemple avec celui de Pioussay qui relevait de l'abbaye de saint-Séverin en poitou (en attendant mieux...) : http://pioussay.wifeo.com/prieure-de-pioussay.php


 

 

Publicité des établissements Rouillon en 1935.
 

Généalogie des Rouillon Ruffec-Nanteuil

(Jean) Pierre ROUILLON (journalier, né le 10 novembre 1821 à Ayron dans la Vienne, décédé le 29 mai 1871 à Ligugé) époux de Madeleine BIREAU (journalière, née en 1824 à Benassay - Vienne -, décédée le 16 août 1871 à Ligugé - Vienne) eurent :
  • Victorine ROUILLON, née 1847 vers Poitiers (décédée à Ligugé le 6 avril 1868)
  • Marie ROUILLON née 1851 vers Poitiers
  • Félix Alexis ROUILLON dit Eugène, pisciculteur), né le 30 mai 1854 à Quinçay (près Poitiers) et décédé le 23 septembre 1925 à Nanteuil-en-Vallée ; veuf en premières noces d'Augustine Adrienne Roy (dcd à Nanteuil le 17 août 1908, née à Cheü dans l'Yonne, 53 ans, fille de Edme Joseph Roy et d'Augustine Tremblaye, tous les deux dcd), et veuf en secondes noces de Marie Victoire Angladon.
  • Radegonde Rouillon née le 12 décembre 1856 à Vouneuil-sous-Biard (dcd jeune sans doute puisque ne figure pas en 1861 au recencement de Ligugé.)
  • Léonie ROUILLON, née 1857 vers Poitiers
  • Louis Léon ROUILLON, né en 1859 à Vouneil-sous-Biard (86), décédé ?
  • Florentine ROUILLON, née 1863 vers Poitiers.
Mariage de Louis Léon ROUILLON et de Clémence CHARAUDEAU, le 29 Juin 1886 à Montluçon.
  • Louis Léon ROUILLON, restaurateur, est âgé de 26 ans, et demeure à Poitiers (Vienne), au buffet de la Gare. Il est né à Vouneuil-sous-Biard, canton de Poitiers, le 15 août 1859, fils majeur et légitime de Pierre ROUILLON et de Madeleine BIREAU, tous les deux décédés à Ligugé (Vienne), Pierre le 29 mai 1871, et Madeleine le 16 août 1871.
  • Clémence Florentine CHARODEAU, sans profession, âgée de 20 ans, demeurant à Montluçon où elle est née le 10 Janvier 1866, fille mineure et légitime de Florentin CHARODEAU, mécanicien au Chemin de Fer d’Orléans, et de Clémence LACHAT, sans profession, domiciliés au Pavé de cette commune. Elle est décédée en 1934 et inhumée à Nanteuil-en-Vallée.
  • d'où Roger ROUILLON, né 1887 à Quimper, épouse Germaine LEMETAYER le 28/9/1893 à Angoulême, Elle sera déportée et décédera le 9/3/1945 à Ravensbrück.
  • puis Léon (qui a écrit en 1920 à l'abbaye cet ouvrage : http://www.tetedeturc.com/home/spip.php?article558), puis Henri et Roger.
  • et Henri Rouillon, père de Pierre (fusillé) et René (dcd en 2004 à Paris).
Louis Léon ROUILLON (orphelin à Ligugé à 12 ans, a dû se former comme cuisinier), il oeuvre au Buffet de la gare de Poitiers en 1886 puis à Quimper (où nait Roger en 1887) ; il s'installe à Paris et réussit à devenir le patron du buffet de la gare d'Austerlitz où il amasse une petite fortune. Il en confiera plus tard la gestion à son fils Henri Rouillon. Lui-même, vers 1905, reprend le buffet de la gare de Tours (il y réside en 1908).

En apparté
Ainsi va cette nouvelle famille d'hôteliers : le décès de Félix Alexis ROUILLON
dit Eugène, pisciculteur), né le 30 mai 1854 à Quinçay (près Poitiers) et décédé le 23 septembre 1925 à Nanteuil-en-Vallée (veuf en premières noces d'Augustine Adrienne Roy, et veuf en secondes noces de Marie Victoire Angladon) est déclaré par son gendre, Théodore Roy, 52 ans, hôtelier, domicilié au buffet de la gare d'Orléans à Angoulême.

En 1908, lors du décès d'Augustine Roy, c'était son gendre Auguste Roy qui faisait la déclaration en mairie. Théodore et Auguste sont peut-être une seule et même personne ?

Louis Léon ROUILLON se lance dans les buffets de gare. A Qimper semble-t-il, à Poitiers, puis il s'installe à Paris et réussit à devenir patron du buffet de la gare d'Austerlitz vers 1895 ; il amasse une petite fortune. Il confiera plus tard la gestion du buffet de la gare d'Austerlitz à son fils Henri Rouillon. Mais, lui-même, vers 1905, reprend le buffet de la gare de Tours.
  • Il installe son ainé, Roger ROUILLON, en 1929 à l'hôtel de France à Ruffec ; Roger est né le 15 avril 1887 à Quimper, il a épousé Germaine LEMETAYER née le 28/9/1893 à Angoulême. Comme lui elle sera déportée pour faits de résistance ; Roger survivra,, mais son épouse décédera le 9/3/1945 à Ravensbrück. Ils n'avaient pas d'enfant.
  • Henri Rouillon, sera le père de Pierre (fusillé à Paris) et de René (frère cadet de Pierre, décédé en 2004 âgé de 77 ans, à Paris, 75, chevalier de la L.H, officier de l'ordre du Mérite, il avait tenu le buffet de la gare d'Austerlitz. Epouse, Monique Rouillon).
  • Léon ROUILLON (voir plus bas, fils de Louis Léon)

Les cousins (enfants d'Henri Rouillon)

"Pierre Rouillon, fils d'Henri, de Paris XIIIe, 20 ans. Brillant en math. Étudiant en 1ère année à HEC, ainsi qu’en licence d’histoire-géographie. Père gérant du buffet de la gare d’Austerlitz et résistant. Mais essentiel dans son engagement, la rencontre en 1942 du révérend père Jacques (membre du mouvement de résistance Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France). Doit quitter le collège après l’arrestation du père Jacques en 1944.

Responsable de la société Saint-Vincent-de-Paul de la paroisse Saint-Marcel du XIIIe arrondissement. Il participe à l’organisation des JCC de la région parisienne et aux actions du mouvement notamment par l’édition et la diffusion d’impressions clandestines.

Enterré au cimetière de Gentilly ainsi que ses camarades Restignat, Huchard, et Thibairencq au cours d’une cérémonie patriotique."

  • René (frère cadet de Pierre, décédé en 2004 âgé de 77 ans, à Paris, 75, chevalier de la L.H, officier de l'ordre du Mérite, il avait tenu le buffet de la gare d'Austerlitz. Epouse, Monique Rouillon).

Léon Rouillon, fils de Louis Léon Rouillon a écrit en 1920 à l'abbaye de Nanteuil cet ouvrage : http://www.tetedeturc.com/home/spip.php?article558

http://www.tetedeturc.com/home/spip.php?rubrique104

Introduction

ABBAYE DE NANTEUIL-EN-VALLEE (CHARENTE)
Le 1er décembre 1920

Aux Français,
Ces pages sont offertes aux Français parce que les Français ont en Orient un patrimoine qu’ils sont en train de perdre.
Ces pages sont pour eux un cri d’alarme, ces pages veulent être un avertissement loyal, que n’animent aucun parti pris, aucune passion, aucun désir inavouable.
La France possède, dans le Levant, un immense héritage que des siècles de patients labeurs et d’habile politique lui ont acquis, c’est son influence prépondérante. [Note de Tête de Turc : les passages en italique sont de l’auteur]
Depuis les capitulations, cette influence s’est exercée par l’entremise et avec le concours de la Turquie. A l’heure présente ce qui en subsiste encore persiste toujours par le secours de la Turquie. Mais, bientôt, quand la Turquie aura disparu de la carte du monde, il ne restera rien de l’influence française dans le Levant.
Depuis quelque vingt ans déjà nous n’avons pas su soutenir et encourager nos alliés d’Islam. Nous leur avons fait les pires sottises, sans comprendre qu’en aidant à leur amoindrissement, nous aidions à notre propre amoindrissement.
Vint la guerre. Par notre faute uniquement, la Turquie, qui ne demandait qu’à être de notre côté, s’est tournée du côté de l’Allemagne.
Vint l’armistice. Reconnaissant loyalement son erreur, notre antique alliée se retournait vers nous et, implorant son pardon, nous offrait son appui en quémandant le nôtre. Nous l’avons repoussée grossièrement et commettant de monstrueuses bévues, nous avons si bien agi que voilà maintenant la Turquie agonisante pour le plus grand profit de l’Angleterre et de sa vile comparse la Grèce.
C’est pourquoi avant que l’irrémédiable soit accompli, il est temps de jeter un ultime cri de détresse. Il est temps de dire la vérité aux Français ignorants des choses d’Orient. C’est pourquoi il est temps de proclamer hautement que la Turquie est francophile, que la Grèce est francophobe et que l’Angleterre s’insinue doucement à notre place – et cela en dépit de la sportule des banquiers levantins.
Il est temps d’ouvrir les yeux des chrétiens d’Europe sur la véritable valeur morale de leurs frères orthodoxes ou arméniens, il est temps aussi de dire publiquement au bon peuple de France ce qu’est l’inqualifiable politique orientale de ses gouvernants.
Tout cela parce que c’est la Vérité, ainsi qu’en témoignent tous les soldats qui ont combattu à l’Armée d’Orient (A. O.), tous les missionnaires et les sœurs de charité qui nous représentent là-bas, tous les explorateurs qui reviennent d’Asie Mineure et qui, tous, parlent comme ils pensent, n’agissant sous l’impulsion d’aucune basse envie !
Défendre la Turquie, mais c’est aussi défendre l’art !
Que deviendraient les rives du Bosphore, les mosquées de Stamboul et les cimetières d’Eyoub sous le gouvernement crapuleux des Hellènes ?
Que deviendraient les mœurs patriarcales de l’Anatolie et la douce honnêteté d’Islam, sous le joug grec ou britannique ?
Que deviendraient nos libertés de voyageurs en ce pays de tolérance sous le règne brutal des conquérants de Smyrne ?
Que deviendraient les merveilleux yali et les arbres centenaires sous l’exploitation des strugglelifers ?
Oh ! c’est un impérieux devoir pour la France de protéger la Turquie contre les Barbares qui ne l’ont déjà que trop abîmée, massacrée, mutilée ainsi qu’en attestent certaines hauteurs de la Corne d’Or, certaines rues de Galata, certains palaces de Péra !
Oui, c’est un devoir pour la France, c’est un devoir de grande reconnaissance pour la patrie des Chateaubriand, des Flaubert, des Gautier et des Loti !
- Ici, j’ouvre une parenthèse, puisque nous sommes sur le chapitre de la reconnaissance, pour proclamer publiquement la mienne envers l’hospitalière Turquie où je fus, simple soldat des troupes d’occupation, accueilli et traité par les Osmanlis comme un ami –
Certes nous n’en serions point là, si la France savait, mais la France ne sait pas. De là est né entre elle et la Turquie un malentendu cause de tout le mal. Ce malentendu tient à l’ignorance complète de l’opinion française quant aux questions orientales et à sa politique orientale détestable. [Note de Tête de Turc : les passages soulignés en gras sont de notre fait]
C’est pourquoi il importe à chacun dans la mesure de ses forces de remédier à cette ignorance et de combattre cette politique. C’est une question d’honnêteté, mais aussi c’est un devoir pour tout Français soucieux des intérêts de son pays.
J’offre donc ce livre aux Français, parce que je pense qu’en le lisant ils pourront s’instruire, et qu’après ils pourront faire agir leurs représentants.
Je l’ai écrit sans haine et sans passion, mais avec conviction. Je reviens d’Orient où j’ai servi comme simple soldat et c’est en faisant connaissance avec ces Turcs si méconnus et si calomniés que m’est venue l’idée d’écrire un livre pour les défendre en disant d’eux ce que je savais. Hélas ! mon opinion personnelle ne leur servirait de rien, si elle n’était conforme à l’opinion de tous les soldats du corps expéditionnaire, mais ces opinions, aussi logiques soient-elles, ne seraient pas encore suffisantes pour justifier ce livre ! On ne défend pas une cause avec des impressions, il faut des preuves et des faits.
Grâce à l’obligeance de nombreux amis, et en particulier du Vicomte Aurélien de Courson, j’ai pu réunir quelques preuves et quelques faits authentiques qui, fortifiant et étayant mon opinion et mes impressions, leur donnent l’autorité et l’irréfutable force de la vérité.
De bonne foi, après avoir lu ces pages, on ne pourra plus accuser les Turcs, au contraire on les soutiendra. Je remercie donc les amis qui m’ont bien voulu aider dans cette œuvre de justice et je la livre aux méditations des français.
Léon ROUILLON.
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