Les grands moulins de Condac,
quelle histoire !

 

Source : Géographie historique de Buchey, 1914.


Il s'est souvet dit que le grand moulin de Condac était éclairé par autant de fenêtres qu'il y a de jours dans l'année. Chiffre qui dans un premier temps semble très exagéré. Mais avec optimisme, en comptant large on approche très vite d'iun total de 300 fenêtres ; avec les chiens-assis et les portes on arrive facilement à 365. Alors se pose la question du nombre de vitres ?

Dans cette page, nous ne nous intéresserons (pour l'instant) qu'aux moulins (minoterie) du bourg de Condac. Tantôt on parlera du moulin de Condac, tantôt des moulins de Condac (ce qui est plus exact vu le nombre de roues et meules), toujours sur le même site, rebaptisé après la dernière guerre mondiale : le Moulin Enchanté (dont l'histoire est retracée dans la page consacrée à Condac et son histoire).

La création du moulin de Condac émane de plusieurs facteurs : la mise en oeuvre dans tout le royaume à la fin du XVIIIe siècle de la mouture économique destinée à enrayer les disettes, les besoins en farine entre autres pour les colonies via Rochefort, et la disponibilité de pierre de taille du fait de l'abandon de l'abbaye de Nanteuil.

La mouture à la grosse.
"Les Moulins où l'on pratique la mouture à la grosse, n'ont point de bluteau (bluterie), en sorte qu'on apporte chez soi la farine mêlée avec les sons & gruaux".

La mouture rustique.
"Les Moulins où se pratique la mouture rustique, ont une huche au-dessous des meules, avec un bluteau d'étamine. Si cette étamine est assez grosse pour laisser passer le gruau & la grosse farine avec beaucoup de son, on l'appelle la mouture des pauvres ; si le bluteau, moins gros, sépare le son, les recoupes & recoupettes, on la nomme mouture des bourgeois ; enfin si l'étamine est assez fine pour ne laisser passer que la fleur de farine, on l'appelle mouture des riches".


La mouture est réglementée
Une ordonnance de novembre 1546 interdisait de remoudre les «sons gras» qui sont de grosses particules de farine issues du grain : «les gruaux» et le son, auxquel les "gruaux" restent liés.
Ces «sons gras» sont considérés dans des statuts de boulangers de 1558, comme «indignes d’entrer au corps humain» et il était interdit d’en faire du pain sous peine d’amende.
Mais il n’était pas interdit de faire du pain avec l’intégralité du grain (100%), farine fleur et «sons gras» pour réaliser le pain dit des pauvres.
Dans l’interdiction, il n’est question que de servir les sons en tant que farine pour en faire du pain.
L’idée que l’on a mal écuré les sons, qu’il est possible d’avoir des «sons mieux finis» en les tamisant après un long temps de pause post-mouture, ou mieux de braver la loi et remoudre les «sons gras» est fort présente au XVIIème et XVIIIème siècle.
D’abord parce que l’on s’aperçoit que la farine blanche que l’on retire des «sons gras», la farine de gruau est une farine extraordinaire au niveau technique ou gustatif. (Source : le site internet Pause-Café)

 


Genèse des moulins de Condac

Début de la mouture économique : année 1750
"A la suite d'une disette sévére (1) l'interdiction de "remouture" des sons gros est enfin levée. A Paris, des minotiers innovants élaborent la mouture économique, une mouture progressive avec laquelle les blés sont mieux nettoyés, les produits de mouture repassés plusieurs fois sous de nouvelles meules. Le tamisage est assuré par des bluteaux plus performants.
On obtient ainsi plus de farine blanche et de meilleure qualité.
De plus, on assiste à la naissances des premières minoteries importantes autour de Paris ( moulin de Corbeil). Le meunier, qui auparavant avait un rôle effacé, devient marchand de farine.
"

(1) 1750, légère progression des rendements céréaliers, passé le terrible hiver de 1709 qui causera la dernière famine d'ampleur nationale, les rendements progressent légèrement pour atteindre environ 8 à 9 quintaux à l'hectare. Après 1750, le recul des jachères et l'augmentation des emblavures en blé deviendront des préoccupations nationales. Pourtant, la sous-alimentation reste patente, en particulier dans certaines provinces au terroir plus pauvre, car les provinces vivent en autarcie et les grains circulent peu.

Extrait d'une lettre de Turgot : année 1769

Limoges, 26 décembre 1769

"J'ai oublié, mon cher Du Pont, de vous demander la dernière fois ce que Bucquet (1) ou son commis demanderait pour faire le voyage du Limousin et dans quel temps il pourrait partir pour arranger quelques moulins et les adapter à la mouture économique. J'ai engagé Barbou à disposer ainsi un moulin considérable qu'il a sur la Vienne et je ne doute pas que plusieurs autres propriétaires profitent du séjour que fera dans la province le commis de Bucquet dont j'aurai soin d'annoncer la venue.
Le comte de Brooglie a fait venir en Angoumois un homme que lui a donné Malisset. Je ne sais laquelle des deux méthodes vaut le mieux.
.."

(1) Bucquet d'un côté, Malisset de l'autre, avaient fait des applications de la mouture économique.
L'inventeur de la mouture économique, Pierre-Simon Malisset, était boulanger dans son état premier puis responsable des grains du Roi. Il conseilla César Bucquet en tant que meunier très habile et fort expérimenté sur cette nouvelle méthode aux responsables des moulins. Il apporte les modifications de l’outillage aide à la transformation ou à monter de nouveaux moulins.
D’abord à Paris, puis à Lyon, dans l’Auxois, à Bordeaux, à Montdidier, à Caen, à Amiens, Beauvais, Abbeville, Boulogne, Calais, etc.., César Bucquet envoyé par le ministre enseigne la nouvelle méthode de moudre et gagne partout en rendement.
Précisons que Bucquet fut négociant meunier de l'hôpital général de Paris, quai Pelletier (98), paroisse Saint-Gervais. Ses expériences de mouture économique inventée par Malisset ont conduit Sartine, aidé de Brillon-Dupperon, à la faire adopter par l'Hôpital Général.


"Selon M. de Vauban, trois setiers de bled, produisant 450 livres de pain, suffisoient pour la nourriture du soldat. La mouture économique, établie par le sieur Bucquet dans plusieurs Provinces du Royaume, par ordre du Gouvernement a réduit cette consommation à deux settier de bled qui produisent 380 livres de farine & 530 livres de pain. Cette augmentation provient de la mouture des gruaux qu'on laissoit auparavant dans le son ; parce que les vices de construction des moulins ne permettoient pas de les remoudre, ce que le sieur Bucquet a rendu facile en perfectionnant les moulins & la mouture. La perte de ces gruaux étoit d'autant plus considérable, qu'ils contiennent le germe du bled, la farine la plus savoureuse, la plus substancielle, & que l'on emploie maintenant à faire les pâtes & patisseries les plus délicates".


Ce ne fut qu'en 1760 que le sieur Malisset proposa au Ministère la nouvelle méthode de moudre le bled par économie. Ses essais, en présence des Magistrats, firent grand bruit, et ne furent pas long temps à être divulgués. Les Administrateurs de l'Hôpital général crurent qu'il étoit de leur devoir de faire profiter les Maisons de charité des bénéfices et de l'épargne sur la consommation qu'on doit à cette méthode. Le sieur Buquet fut mis à la tête des moutures de l'Hôpital, et il s'attacha à perfectionner tous les procédés de la mouture économique, en procurant à l'Hôpital général de Paris une épargne de plus de cinq mille setiers par an. Il imagina même, depuis, la mouture des pauvres - dite à la Lyonnoise - comme un raffinement de la mouture économique, pour procurer encore aux Maisons de charité, une plus grande épargne et un plus fort produit du grain.

Les moulins de Condac
Application locale du principe de la mouture économique

"Cette minoterie à meules construite en 1771, sur l'ordre du comte de Broglie, [et avec une partie des matériaux provenant de l'abbaye de Nanteuil-en-Vallée] est la plus importante de la Charente (ce qui est sans doute la cause de sa non modernisation en minoterie à cylindres).

Le marquisat de Ruffec et le Comte de Broglie (à ne pas confondre avec son frère ainé le Duc de Broglie)

Un moulin à eau, ou moulin hydraulique, est une installation destinée à utiliser l’énergie d’un cours d’eau, amené au moulin par un bief.

L'entrée du site se situait à l'angle de l'aile ouest et du corps principal.
Le déversoir ou retenue fixait ne niveau d'eau.
Les pelles permettaient de régler le débit dans les coursiers.
L'eau repartait vers la Charente en s'écoulant dans le bief au sud.



 



Précisions dénichées dans Ruffec, son histoire, pages 43 et 44, Louis Picat 1922.

"La liquidation par Mgr l'évêque de Poitiers, parent du comte de Broglie, des biens dépendant de l'ancienne abbaye bénédictine de Nanteuil, dont il était le seigneur suzerain, ayant mis à la disposition de ce dernier une grande quantité de matériaux de construction, il rêva pour Ruffec la création d'une industrie récente : la minoterie. Il poursuivit la construction des moulins de Condac, dans des proportions grandioses, encore conservées, et dont les trois corps de bâtiments portent des dates certaines (1771 - 1777 - 1785) par d'énormes chiffres en fer qui ne sont que les têtes des tirans destinés à empêcher l'écartement des murs."

Description (Observateur de Ruffec 1909)
Composés de trois corps de bâtiments, ils présentent cet avantage appréciable pour le chroniqueur de porter en chiffres énormes le millésime de l'année de leur construction. Ces chiffres, en fer, doivent être la tète de tirants dissimulés dans les planchers du second étage pour empêcher l'écartement des murs, mesure de prudence qui avait sa raison d'être par suite des charges que représentaient les approvisionnements de blés qu'on pouvait réunir dans les immenses greniers. Un solivage spécial, qui n'est pas le côté le moins curieux de la construction, répondait à ce besoin.

D'après M. Favraud, les bois employés provenaient de l'abbaye de Nanteuil, qui fut ruinée à cette époque. Les moulins de Condac furent construits par le comte de Broglie, alors seigneur de Ruffec, sur le type de ceux de Corbeil.

Le premier corps de bâtiments, établi le long de la Charente, porte la date de 1711. C'est là que se trouvaient presque tous les appareils de mouture, commandés par une grande roue qu'actionnaient les eaux du fleuve. Tout cela n'a disparu que depuis deux ans (1909), lorsqu'une société parisienne, dite Compagnie française des Produits lactés, fondée le 21 janvier 1909 pour une durée de trente ans, au capital de un million 250,000 fr., devenue propriétaire du moulin, a commencé ses travaux d'installation. MM. Lamouroux et Meunier, fondateurs, déjà propriétaires d'une société en nom collectif dont le siège était à Paris, rue de Wattignies, 84, devaient apporter à la nouvelle société leurs établissements industriels, la clientèle et l'achalandage, la propriété des brevets d'invention, etc.

Une fouille en sous-oeuvre, pour l'installation d'une turbine, a permis d'apprécier la solidité de la construction du moulin de Condac, faite avec des matériaux de premier choix et qui, après 200 ans de contact incessant avec l'eau, ne montre ni usure ni fissure.

Le second bâtiment, le plus long, en retour d'équerre sur le premier, date de 1777. Du côté le plus proche de la Charente il était traversé par un second coursier qui actionnait une autre roue. Le reste du bâtiment était occupé : au rez-de chaussée par les écuries et servitudes diverses ; aux premier et deuxième étages par les salles de manutention et les magasins.
On ne sait si le développement pris par les moulins de Condac nécessitèrent la construction d'une autre aile ou si ce fut tout simplement l'achèvement d'un plan d'ensemble, toujours est-il qu'en 1785 fut édifié à l'ouest un troisième bâtiment attenant au second et faisant face au premier, limitant une vaste cour qui devait suffire à tous les besoins, si grands fussent-ils, à une époque où la plupart des transports se faisaient à dos de mulets, en raison du mauvais état des chemins. Et les moulins de Condac n'étaient pas des plus favorisés de ce côté.

Dans ses Petites notes d'archéologie charentaise, M. Chauvet a relaté quelques détails empruntés au compte que rendit à la Nation Jean-Baptiste Thorel, « au sujet de la recette et de la dépense qu'il a faites de la terre de Ruffec depuis le 1er janvier 1783 au 1er octobre 1792. »
Le 8 novembre 1783 il fut payé 2,000 livres au subdélégué de l'intendance de Limoges pour être employées au chemin de Ruffec à Condac, qui fut fait par atelier de charité. En raison de la seule porte d'entrée des moulins de Condac, qui se trouve à l'angle intérieur formé par les deuxième et troisième corps de bâtiments, tout porte à croire que ce chemin fut, celui qui oblique à droite à la ferme de Fontbaillant, gagne le plateau sur lequel se trouvait le dolmen de Pierre-Levée, détruit il y a une quarantaine d'années, et, après avoir longé le mur sud de notre cimetière, arrivait à Ruffec par le Pontereau, qui était alors une des grandes artères de la ville.


Dans le rapport Thorel étaient consignés une multitude de renseignements précis qu'il est bon de noter en passant, sur la valeur des choses et des journées de travail. Ainsi une corde de bois valait 6 livres. une meule de moulin 210 livres, neuf brasses de planches de peupliers 95 livres, 23 livres de cordes avaient coûté 13 livres 6 sols, etc., etc. La conduite de 3 milliers de farines, du moulin de Condac à Angoulême, avait occasionné une dépense de 13 livres 10 sols.

Une première société administra les moulins de Condac dès leur origine, sans doute, car une seconde débuta le 10 novembre 1784, avec des actions de 3.000 livres elle possédait des magasins à Angoulême. La part de bénéfices résultant de la portion afférente à M. de Broglie était de 30.356 livres 13 sols pour la période du 10 novembre 1784 au 10 novembre 1791, époque où fut ouverte la succession de Broglie. Ladite succession reçut en outre, pour compte final, au 13 septembre 1792,. la somme de 29.155 livres 7 sols. L'affaire était prospère, comme on voit.

Les renseignements font défaut sur le rôle que jouèrent les moulins de Condac pendant la Révolution, mais certainement ils furent utilisés, comme les forges de Taizé-Aizie.

Pendant longtemps ils continuèrent à être une des plus importantes minoteries du pays, entre les mains de divers propriétaires dont les derniers furent les Lacour.

 


Retenue (déversoir) à Condac dont la particularité est d'être
face à "l'ile d'amour" en aval du moulin et du pont sur la Charente, la retenue est destinée à créer une différence de niveau d'eau pour faire tourner le moulin.
 


Affiches du Poitou, 27 janvier 1774
Lettre écrite de Saint-Maixant.

Je suis étonné, M. , que vous n'ayez point encore parlé dans vos Feuilles, d'un moulin que M. le Comte de Montauzier, Seigneur de Salles, à une lieue de cette ville, fait faire dans sa terre. Cette entreprise est de la plus grande importance pour cette contrée & peut-être pour tout le Poitou ; son succès va nous rendre une branche immense de commerce, que nous avions perdue. Les farines de La Motte-Saint-Heraye & de Saint-Maixant vont rentrer en concurrence avec celles de Moissac, qui nous l'avoient enlevée & qui ne se fabriquent cependant presque toutes qu'avec nos grains. Vous avez dû voir dans les Affiches de la Rochelle qu'il y avoit de la à la Rochelle & à Marans des dépôts de ces farines pour faciliter les approvisionnements des Boulangers du pays, & les envois de cette denrée dans nos Colonies. Cependant le projet de cc moulin n'en pas encore entièrement exécuté ; quoiqu'on y travaille avec activité, on croit qu'il ne le sera que dans six mois ; mais on compte y moudre sans interruption dans trois mois.
C'est un bâtiment immense, très-régulier ; il a cinq étages, y compris le rez de chaussée & plus de 80 tant portes que fenêtres extérieures. Voilà la description du mécanisme intérieur autant que j'ai pu le comprendre par le rapport d'un ouvrier ; car je n'ai pu encore aller voir ce moulin, & d'ailleurs j'entends peu les termes qui pouroient régulièrement convenir à cette description. J'annonce ; un autre plus au fait, peut corriger mon détail, qui donnera toujours une idée de l'ouvrage & des vues, Ce moulin fera d'un rouet de 6 pieds dé diamètre, auquel commandent deux lanternes, dont une fera tourner la meule ; l'autre fera tourner un cylindre en fil de fer, qui commandera un autre cylindre de fer-blanc piqué ; celui ci commandera un ventilateur, d'où le blé passera dans tous ces instruments, & tombera dans un autre petit ventilateur qui fera posé sur la meule pour le convertir en farine, qui tombera dans une arche sur laquelle il y aura un bluteau tendu pour séparer la fleur du son gras ; ce son gras, sortant du bluteau, tombera dans un cylindre garni en soie qui séparera le gruau, du son gras & par une fuite & complication de tout ce mécanisme, les sacs de blé et de farine, seront montés à leur destination depuis le bas du moulin jusqu'au dernier étage. Voila M. , tout ce que je puis vous dire de ce moulin ; il seroit juste que dès ce moment, ou au moins quand il sera fini, le propriétaire, ou celui qui en dirige la construction, publiât son plan & en expliquât les différentes opérations, cette connaissance est utile aux progrès du arts dont il emploie let moyens ; & toute construction qui intéresse surtout ceux qui peuvent diminuer les frais & le travail de la main d'oeuvre, pour la grande nécessité des subsistances, mérite d'être expliqué au public, & comme modèle, & comme nouveaux moyens d'encouragement & de confiance.


Réponse du meunier à la meunière...

Affiches du Poitou, 31 mars 1774
Le Moulin que M. le Comte de Montausier fait construire dans sa terre de Salles, peut-être & sera en effet très utile au Commerce de cette Province. Mais il ne faut pas regarder sa forme & ces effets comme une nouveauté : M. le Comte de Broglie en a fait construire un sur la Charente, auprès de Ruffec, qui va depuis deux ans, à trois roues, trois meules, vanne, crible, moud & blute. On y porte le blé en tel état qu'on veut, & on le rend en farine blutée, ou non, au choix de celui qui a apporté le grain. Les sacs pleins de blé ou de farine, y imitent très promptement d'un étage à l'autre, par les manœuvres les plus simples.


 
Mais la meunière a encore du grain à moudre
Le Comte de Montausier, après plusieurs essais dans l'un des meilleurs moulins sur la Sèvre, près de Saint-Maixent et de Niort, fit construire dans sa terre de Salle-en-Poitou, des moulins économiques, sous la direction de Bucquet, ainsi qu'une manufacture de minots pour les Marines Royale et Marchande. Les farines de ces moulins furent très appréciées à Bordeaux où on les trouva supérieures à celles de Moissac et de Montauban.

Cet établissement, aménagé à l'instar de celui de Corbeil, mesurait 80 pieds de long sur 40 de large et coûta 80.000 livres. Il comprenait des appareils à nettoyer les grains et des étuves à blé et à farine, construites d'après les dessins de Duhamel et des greniers de conservation, espèces de caisses à double fond dans lesquelles on envoyait un courant d'air au moyen d'un ventilateur.
Les minots du Poitou avaient perdu beaucoup de leurs qualités. M. de Brémond, général des vivres de la Marine, avait été chargé par le Comte Maurepas, ministre de la Marine, de rétablir leur réputation de façon à approvisionner les Colonies, mais il n'y parvint pas. Son successeur, Desloges n'obtint pas plus de succès et il s'adressa au Comte de Mantausier pour les fournitures des minots au port de Rochefort, qui en fut satisfait.
La création de cette importante manufacture de minots superfins, dans le Poitou. formait ainsi une école d'excellent meuniers propres à répandre partout la mouture économique dont le Gouvernement désirait l'établissement.
Les Colonies furent mieux approvisionnées ; les produits communs étaient vendus dans le pays aux boulangers et aux particuliers ; les petites farines étaient achetées au moulin même par les paysans qui disposaient ainsi du temps qu'ils perdaient en allant dans les marchés, et les sons et les issues étaient envoyés dans les campagnes pour les bestiaux.
Le Comte Crussol de Montausier écrivait à Béguillet le 14 décembre 1777 : « J'ai créé cet établissement pour rétablir la réputation des blés du Poitou et pour offrir au service du Roi, dans sa Marine et ses Colonies, tout ce que peuvent le zèle et la fortune d'un citoyen, d'un sujet fidèle et bon patriote, pour contribuer au bonheur public. J'ai au moins la satisfaction d'avoir réussi. Le débouché qu'offre ma manufacture a ranimé l'agriculture dans le pays et rétabli, peu à peu, une meilleure façon de moudre. Les minotiers, d'autant plus avides à raison des malheurs du temps et des banqueroutes qu'ils ont subies, épuraient moins leurs blés et faisaient des mélanges d'autres farines pour augmenter leur poids, mais ces farines mélangées s'échauffaient en mer et se trouvaient gâtées avant d'avoir passé la ligne. Ces gens-là sont aujourd'hui forcés de mieux travailler et d'être fidèles dans les livraisons, s'ils ne veulent pas qu'on les quitte pour venir se pourvoir chez un fermier dont la marchandise est plus belle et de meilleure qualité, quoique souvent moins chère. Mes blés bien nettoyés, étuvés et mis dans des greniers de conservation, sont à l'abri de la corruption. On fait aussi suer et on étuve les farines avant de les embarquer. Mon exemple a été suivi : il s'est établi à Nantes une manufacture semblable, et j'ai des preuves authentiques que ma fabrication est supérieure à celle de Rochefort et de Brest. Ces Messieurs me demandent 1.000 quintaux de farine et m'annoncent des commandes prochaines plus considérables. Les avantages de la mouture économique se font sentir si généralement que l'on voit accroitre tous les jours le nombre des honnêtes gens qui veulent bien faire et qui, profitant des avis qui leur ont été donnés dans les «Ephémérides», par l'abbé Bealideau, emploient leur zèle et leurs fonds à faire construire des moulins économiques.»

Pour en savoir plus sur le moulin de Salles (79) devenu filature, cliquer ici.


Observations sur l'Angoumois
M. Etienne Munier, inspecteur des ponts-et-chaussées, 1779.

Le moulin de Condac est le genre d'établissement le plus considérable et le mieux étendu de la province. Il a été bâti en 1771 par les ordres de M. le Comte de Broglie. C'est un quarré long à trois étages, non compris le rez-de-chaussée, qui contient, sous le même toit, trois moulins avec les roues et autres machines destinées à les faire mouvoir. Les deux meules qui composent chaque moulin, proviennent de les carrières de la Ferté-sous-Jouarre, près de Paris. Le but de cette belle construction a été d'introduire dans le canton la mouture économique et le commerce des farines.
Les ventilateurs et les différents cribles établis pour séparer la poussière, la balle, les pierres, les mauvaises graines, et les autres corps étrangers qui salissent ordinairement les blés, sont des machines aussi utiles qu'ingénieuses.
Les roues des moulins les font mouvoir en même temps qu'ils broyent le bon grain, dont le produit est ensuite divisé par les blutoirs en farine et en son de différente qualité que l'on repasse sous les meules jusqu'à quatre ou cinq reprises, afin de de séparer toutes les parties farineuses propres à la nourriture de l'homme, de l'écorce ou péllicule qui ne peut convenir qu'aux animaux. Le son qui résulte de ces différentes manipulations peut ête évalué à la septième partie du blé net ; le surplus est divisé en farine de trois espèces dont le volume et le poids varient selon la nature et l'espèce des grains. Ces résultats seront déterminés par l'expérience après avoir indiqué plus en détail les différentes opérations qui constituent la mouture économique.

La bonne méthode
La méthode que l'on met en usage dans la provine d'Angoumois, pour nettoyer le froment avant de le moudre, consiste à le laver dans une belle eau, à enlever la balle et les mauvais grains qui surnagent, à séparer à la main les pierrailles et les autres corps étrangers qui nuiront à la qualité des farines, et à l'étendre pour le faire sècher au soleil, avant de l'introduire dans le moulin. La lenteur de cette opération, que les mauvais temps contrarient encore beaucoup, ne peut absoluement s'accorder avec une mouture abondante et pressée ; on est donc obligé de l'abandonner au moulin de Condac, où l'on prétend que le lavage introduit dans les farines une humidité contraire à leur conservation ; il peut aussi leur enlever une portion de cette odeur, de ce goût agréable, qui rend le pain meilleur et plus nourrissant. Le lavage paroît néanmoins suffisant pour la petite mouture, et la négligence de quelques provinces, sur ce point, est inexcusable.

Ventiler et trier avant mouture
On nétoye les grains à sec au moulin de Condac, en les faisant passer d'abord dans le ventilateur (tarare) dont j'ai parlé en traitant la culture du froment. Il sert pour séparer la balle, la poussière, les pierres et quelques autres corps étrangers, détachés du blé. On l'introduit ensuite dans des cylindres de fil de fer, dont les uns ont des trous circulaires pour recevoir le sgrains autres ovales ou allongés, pour recevoir l'ivroie et les autres grains de ce genre. De là, il passe dans un cylindre de tôle piquée comme une rape, pour détacher la boue et les autres saletés qui seraient adhérentes au blé. Il descend du cylindre sur des plans piqués de la même manière, d'où il est reçu enfin sur un crible incliné, au bas duquel on le ramasse pour lui faire encore parcourir le même chemin jusqu'à deux ou trois différentes fois, selon le besoin. On sera obligé de répéter ces opérations jusqu'à ce que les machines soient assez multipliées pour nétoyer le grain, d'une seule chûte du dernier étage au premier.

L'invention du tarare ou ventilateur à blé
La méthode de vannage fut améliorée dans la Chine ancienne, par la mécanisation, avec le développement du ventilateur à vannage rotatif qui utilisait un ventilateur à manivelle pour produire un courant d'air. Il a été représenté dans le livre de Wang Zhen, le Nong Shu, en 1313.


Cette technique n'a pas été adoptée en Europe avant le 17ème siècle, quand les machines à vanner utilisaient un "van en toile".

Le ventilateur rotatif à vannage fut exporté vers l'Europe, apporté par les navigateurs Hollandais entre 1700 et 1720. Ils les auraient obtenus dans la colonie Hollandaise de Batavia (Djakarta) à Java, Indes Orientales Hollandaises. Les Suédois en importèrent quelques uns du sud de la Chine, environ à la même époque, et les Jésuites en apportèrent plusieurs en France, depuis la Chine, en 1720. Jusqu'au début du 18e siècle, aucun ventilateur rotatif à vannage n'existait en Occident.


Mirebeau (86), 1830, un inventeur après coup, mais ils ont été nombreux à promouvoir le tarare pour tous à cette époque : un inventeur de tarare.


Concasser puis moudre
Le blé n'est encore moulu grossièrement, c'est-à-dire, concassé en grains de différentes grosseurs, desquels on tire en farine environ un cinquième de la totalité. On obtient cette portion par le moyen d'un blutoir qui la divise en deux parties à peu près égales, dont l'une est de la première qualité, et l'autre de la seconde. Ces farines sont censées finies, et ne repassent plus au moulin. La première sort à la tête du blutoir ; elle vaut à peu près un liard par livre de celle qui sort par le bas. le blutoir est composé d'une étoffe de laine fabriquée à Reims, on lui donne le nom d'étamine.
Les 4/5e restants de grain concassé passent dans un second blutoir ou cylindre inférieur, garni de soie jusqu'au milieu, et de quintin (espèce de toile appelée en Angoumois, cambrai) dans le surplus de la longueur. La portion qui sort par la garniture de soie est un gruau blanc qui peut encore être évalué à 1/5e de la totalité. On le repasse sous les meules, il en résulte deux farines semblales à celles du premier produit ; mais le volume de la première qualité est au moins triple de celui de la deuxième. La partie qui passe à travers le quintin est un gruau moins blanc que l'on remet sous la meule une troisième fois ; il produit encore, en farine de la deuxième qualité, environ 1/7e de la totalité du blé à moudre. Il ne reste plus alors que des sons gras dont le poids excède un peu les 6/14e du grain supposé net. On les repasse une quatrième fois sous la meule ; ils produisent 1/14e de farine de la seconde qualité, 3/14e de la troisième qualité ; enfin 2/14e en gros et petits sons, mais la quantité du premier est double de celle du second.
Le déchet en terre et pierrailles, les criblures pour la volaille, et les évaporations de mouture, ne s'élèvent pas ensemble à la quarantième partie.
Je déterminerai bientôt par l'expérience le poids exact de ces différents produits.


Description des moulins
- L'un des moulins de Condac (celui du milieu) est entièrement destiné aux opérations dont je viens de parler. Les farines qui en résultent se débitent en Angoumois, en saintonge et dans les Colonies. Il peut moudre par mois mille boisseaux de froment, mesure de Ruffec. Le peuple des environs achète les criblures ; il donne les plus communes à la volaille et au bétail, il réserve les meilleures pour les introduire dans le grain destiné à sa nourriture. La farine qui sort du son est employée au même usage ; le son le plus grossier sert pour les chevaux, le fin est réservé pour les cochons et pour la volaille.

- Les deux autres moulins (et de 3) sont occupés pour la banalité (droit banal, obligation de faire moudre son grain au moulin du seigneur) de la Terre de Ruffec, et les boulangers des environs. L'un de ces moulins est construit de manière à pouvoir faire toutes les opérations dont j'ai parlé, le troisième est seulement garni d'un blutoir, pour séparer la farine du son. Le paysan, sujet à la banalité, y moud le gros méteil de toute espèce, destiné à la nourriture ; il a même la liberté de faire convertir son grain en afrine ordinaire du pays, c'et-à-dire en rame, et de l'emporter avec le son, sans qu'il soit fait aucune séparation. Ces deux derniers moulins n'étant pas toujours en mouvement sont censés ne moudre chacun que 800 boisseaux de grain par mois, e qui forme annuellement avec le premier, une mouture de 31.200 boisseaux.

- M. le Comte de Broglie a fait augmenter, en 1777, ce bel établissement, en y ajoutant deux moulins de plus (et de 5), que l'abondance des eaux de la Charente peut encore faire mouvoir pendant la plus grande partie de l'année ; et en y construisant des magasins et deux étuves. La première est employée à dessécher les grains trop nouveaux, et les garantir des papillons qui les dévoreraient sans cette précaution ; la seconde sert pour les farines trop humides. Ces attentions étoient d'autant plus convenables que les farines étuvées peuvent se conserver pendant plusieurs années ; ce fait est attesté par les procès-verbaux rapportés dans le supplément, au Traité des grains et des farines, par M. Duhamel de Monceau, imprimé à Paris en 1771.

Au moyen de ces dispositions, le moulin de Condac peut moudre environ 50.000 boisseaux de grain chaque année. On propose aussi d'y établir une amydonerie et une poudrière pour consommer les sons gras, et les gruaux qui ne peuvent être exportés par le commerce.

Appareil de bluterie dans son meuble.



Des meules spécifiques
Les meules destinées à la mouture économique doivent être de pierre dure, piquée en rayons à lame d'épée, dont la pointe soit au centre de la meule. Ils sont alternativement pleins ou vides, c'est-à-dire, qu'il y en a un que l'on ne pique pas, et que le frottement polit seulement ; il sert à nettoyer l'écorce du blé : le rayon piqué est celui qui moud, il est seulement plus enfoncé que le premier de l'épaisseur à peu près d'une feuille de papier.

Les meules qui s'emploient dans les moulins du département de la Charente proviennent ordinairement des carrières de Crage, nom d'un vaste plateau calcaire, parallèle à celui sur lequel est bâtie la ville d'Angoulème ; elles coûtent 60 fr., prises sur les lieux. Ces meules sont tendres, et ne durent qu'environ deux ans si elles sont bien employées ; mais leur bon marché dédommage de leur peu de durée. On en tire encore des coteaux qui s'étendent entre les communes de Claix et de Roullet, ainsi que des carrières de Château neuf, Chevenceau (Charente-Inférieure), Saint-Megrin et Bergerac (Dordogne).


Les meules du moulin de Condac avoient 14 centimètres d'épaisseur, lorsqu'elles ont été mises en place. Celle du moulin du milieu est seulement diminuée d'environ 15 lignes : celle d'amont est usée de 3 pouces 9 lignes, parce qu'elle a été piquée selon la coutume du pays pendant 18 mois, au lieu que la première a toujours été rayonnée, ce qui la ménage avec autant plus de succès, qu'il n'y a toujours qu'une moitié de la surface qui soit exposée aux frottements.

La meule du moulin d'aval, ayant toujours été piquée à la mode du pays, est diminuée de 8 pouces. On ne les pique ordinairement qu'après 40 jours de travail.

 

Système antique avec pignonnerie en bois

 

Précisions techniques importantes
Les roues qui les font mouvoir ont 14 pieds de diamètre, les rouets 6 pieds, et les lanternes 13 à 14 pouces. Les rouets ont 42 dents, les lanternes 8 fuseaux, et les roues 24 aubes.

 

La pignonnerie servait de bar dans l'ancien restaurant.
Elle a repris cette fonction dans la discothèque.

 

La vitesse d'un moulin n'en détermine presque pas le travail ; il dépend de la piqure plus ou moins fraiche, de l'approche des meules, et de la quantité du grain qu'on y introduit à la fois : s'il y en avait trop, il ne seroit que concassé, et la roue tourneroit lentement : s'il n'y en avait pas assez, le son trop divisé se convertirait en farine ; celle qui proviendroit de la partie substancielle du grain contracteroit un goût de feu désagréable. Il est nécessaire de connoître l'art du meunier, pour faire de bon ouvrage.


 
"En 1850, le moulin est alimenté par deux coursiers alimentant chacun une roue qui commande quatre paires de meules."

1801 Statistique du Département de la Charente par le citoyen Delaistre, préfet
"Ruffec, chef-lieu d’arrondissement, siège d’un tribunal civil. Sa position sur la route de Paris en Espagne, est avantageuse : elle possède deux établissemens importans sur la Charente, qui coule à deux kilomètres de ses murs ; l’un est une forge établie à Tésé-Aisy, par le ci-devant comte Broglie ; l’autre, un moulin à blé, sur la même rivière, construit par le même propriétaire, à Condac.

Ce moulin, qui a trois roues, est un bâtiment immense, à trois étages, dont la destination paraît avoir été d’introduire, dans le pays, la mouture économique et le commerce des farines.

Son mécanisme répond à l’intention du propriétaire, qui n’avait rien épargné pour le rendre parfait : il peut moudre environ trois mille boisseaux de grain, mesure locale (76 liv. pesant), par mois.
"




Le moulin de Salles (cité plus haut) près de  Saint-Maixent (79) est devenu filature au XVIIIe.

La mouture (1818).
Source : Statistique du département de la Charente par Quenot, 1818.

On compte dans le département de la Charente 991 moulins à farine, dont 867 moulins à eau et 124 moulins à vent. Ils sont distribués entre les arrondissements, ainsi qu'il suit:

Arrondissement. Moulins à eau. Moulins à vent.
- d'Angoulême 299 13
- de Barbezieux 173 74
- de Cognac 133 12
- de Confolens 146 12
- de Ruffec 116 25
Total 867 124
 
Tous les moulins à eau sont à roues perpendiculaires, excepté dans l'arrondissement d'Angoulême, où trois seulement sont à roues horizontales !
 
Roue verticale (perpendiculaire). Roue horizontale pour mémoire.


On ne connaît pas ici de distinction entre la mouture économique ou à la Parisienne, et celle à la grosse ou à la Lyonnaise ; mais deux espèces de farines sortent des moulins, selon qu'ils sont construits avec ou sans blutoir.

La farine qui, dans le moulin, a passé au blutoir, s'appelle minot, fleur de farine, ou fine fleur ; l'autre se nomme farine ordinaire : la première se livre aux particuliers qui font leur pain chez eux, et leur est distribuée par des domestiques de moulins, appelés chasserons ; l'autre se donne aux boulangers, qui se chargent de séparer le son. Les cultivateurs, qui trouvent plus économique de retirer du moulin la farine et le son, en font la séparation avec un crible.

 
Les moulins sont, les uns à un seul tournant, les autres à deux, trois et jusqu'à cinq. Lorsqu'il n'y a qu'un seul tournant dans un bâtiment, on y moût indistinctement le froment et la grossaille, tel que le maïs, la baillarge (espèce d'orge), le méteil et le sarrasin; mais alors la farine de froment n'est pas aussi belle que dans les moulins destinés pour cette seule espèce de grain. Ces moulins à tous grains s'appellent moulins bâtards, et sont en général peu fréquentés. Quelquefois on établit dans un même bâtiment deux moulins, qui sont mis alternativement en activité par une seule roue ou tournant, et ceux-ci sont le plus ordinairement situés sur les ruisseaux et les petites rivières.
 
Lorsque deux tournans font mouvoir deux moulins dans le même bâtiment, l'établissement se nomme alors moulin turquet : l'un est destiné pour le froment, et l'autre pour la grossaille : quand il y a trois tournans, le troisième est souvent réservé pour des légumes ou des grains encore moins importans que le beau maïs ou la baillarge.

La plupart des moulins du département étant d'une construction assez imparfaite, ils ne peuvent moudre, l'un portant l'autre, qu'environ 35o kil. de farine par jour, à l'exception de trois ou quatre qui, d'une construction plus moderne et mieux entendue, peuvent en donner jusqu'à 1000 kilogrammes : cette différence doit faire évaluer à 4oo kilogrammes la quantité de farine moulue chaque jour par les moulins de la Charente, et à 1,446,86o quintaux métriques celle qu'ils fournissent chaque année à la consommation.
Cette quantité excède de moitié la quantité de farine que peuvent annuellement donner les grains récoltés dans le département, et de près d'un quart celle nécessaire à la consommation des habitans; mais cette différence n'étonnera pas, lorsque l'on saura que les importations de farineux dans la Charente ne se font qu'en grain, et que le commerce, outre ce qui doit compléter les besoins de la consommation, en fait venir encore une grande quantité qui, après avoir été moulue, est dirigée sur Rochefort, La Rochelle, et souvent même sur Bordeaux.

Les principaux moulins du département sont établis sur la Charente et sur la Touvre. Le village appelé Pontouvre , près d'Angoulême contient parmi les moulins ordinaires ceux qui sont les plus estimés.

Ceux de Condac, La Chapelle, Saint-Cibard-sous-Angoulème, et GondevilIe, près de Jarnac, sont les plus beaux et les meilleurs.
 
Ceux de Condac, près de la petite ville de Ruffec, méritent une attention particulière. Dans les premières années de leur construction, commencée en 1771, on y employait trois espèces de meules que l'on tirait, l'une de la Ferté-sous-Jouare (Seine-et-Marne), l'autre de Bergerac (Dordogne), et la troisième, de Chaunay (Vienne) ; mais on a fini par reconnaître que celles de Chaunay suffisaient pour la fabrication de toute espèce de farine, et l'on ne se sert plus que d'elles aujourd'hui. Le soutre et la meule coûtent 600 francs, rendus sur les lieux. Le mécanisme pour la fabrication du minot ne laisse rien à désirer.
Lorsque les farines étaient destinées pour la marine française ou pour l'étranger, on tirait les fromens du Poitou, de la Touraine ou de la Beauce ; mais actuellement on s'approvisionne aux marchés de Ruffec, et, en cas d'insuffisance, on a recours seulement au Poitou. Les farines se débitent à Ruffec, Angoulême, Cognac, Saintes et Rochefort.

Ce fut M. le Comte de Broglie qui fit bâtir ces moulins, sur le plan de ceux de Corbeil près Paris ; son but était d'introduire dans sa terre la mouture économique, et suivant son projet, projet qui fut adopté alors par le gouvernement, ces moulins devaient suppléer ceux de Moissac (Tarn-et-Garonne), dont les farines ne pouvaient, en temps de guerre avec les Anglais, arriver à Rochefort sans courir le risque d'être enlevées.

Ce superbe établissement devait être encore agrandi ; outre les magasins et les deux étuves qu'on y avait ajoutés, on devait y établir une amidonnerie et une poudrière pour utiliser les sons gras et les gruaux qui ne pouvaient être emportés par le commerce ; mais tous ces moulins ont été vendus, à la révolution, à différens propriétaires, et ne sont aujourd'hui employés qu'à la mouture des grains des particuliers.

Vente des mouions de Condac comme biens nationaux
Les moulins de Condac furet vendu à la révolution à divers propriétaires (lire ci-dessous), il servirent encore un siècle environ à la mouture des grains des particuliers, ils possédaient cinq roues (là c'est exagéré) tournant avec les meules, des bluttoirs mécaniques.


Vente des moulins de Condac le 22 floréal an III (11 mai 1795)
De l'un d'eux il résulte qu'au quintidi de frimaire an II de la République française, au moment de l'estimation des biens de la famille de Broglie, le pré Jacquet, d'une contenance d'un journal 46 carreaux ou environ, tenait du midy à la Charente, d'orient au moulin de Condac, du nord au jardin de la cure de Condac et d'occident au pré des héritiers Chabot, fossé entre deux.
Le 28 pluviose an II, à neuf heures du matin, les administrateurs du directoire du district de Ruffec, accompagnés du citoyen René Deraze, agent national provisoire près le district, procédèrent à la vente, en cinquante-cinq lots, des biens situés sur la commune de Condac, appartenant à la République à cause de l'émigration des héritiers Broglie.
Le 22 floréal an III, à dix heures du matin, eut lieu la vente du moulin de Condac, faisant partie des biens provenant desdits héritiers Broglie.
Ce moulin contenait cinq roues tournantes avec les meules, blutoirs mécaniques pour les cribles et ventilateurs, des magasins très vastes, cour, jardin et emplacement, le tout en bon état, excepté la chaussée qui a besoin de quelques réparations, confrontant le tout : d'orient et en partie du nord et du midy à la Charente et au pré Jacquet, d'occident au chemin qui conduit de la ci-devant maison curiale de Condac au temple de la Raison (l'église), à droite.
Evalué 36,000 fr.
Le citoyen Etienne Athanase-Jacques fut déclaré adjudicataire du moulin de Condac par procès-verbal dudit jour, déclarant que ladite adjudication était tant pour luy que pour les citoyens André Marchive et Charles-Jean Lériget, maire et officier municipal de ladite commune, lesquels déclarèrent accepter ladite adjudication et se rendre solidaires les uns pour les autres pour le paiement de la somme de 412,000 livres, prix de ladite adjudication, le tout aux clauses, charges et conditions exprimées au procès-verbal.
Et ont signé : Marchive, maire ; Lériget, officier municipal ; Simon Cazenave; Mimaud L. Thinon ; Buessard, secrétaire.
Enregistré à Ruffec les 23 floréal et 5 messidor, 3e année républicaine.
Reçu une livre. Signé : Dubois.
 
Notes : Le citoyen Etienne-Athanase Jacques, était le fils du seigneur des Plans (La Faye) ; Charles-Jean Lériget est le fils de Charles Lériget Grandbois, avocat en parlement ;Mimaud est fils de Mimaud Grandchamp, de la Fuye, la Batarderie etc. ; Chabot est le fils de l'ancien seigneur de la Gestière à Condac.
"Ces gens figurent tous sur mon livre concernant les familles nobles du Ruffécois et n'ont pas le profil de sans culottes..." s'amuse à juste titre Jean-Claude Vrillac.

Achat du moulin par les Lacour (date à dénicher)
"Les Lacour ont possédé les moulins de Condac du début du XIXe jusqu'en 1909
".

"En 1850, le moulin est alimenté par deux coursiers alimentant chacun une roue qui commande quatre paires de meules."

  • François Barnabé Lacour dont un fils (Pierre) sera le futur propriétaire du moulin de Condac, épouse Jeanne Gobinaud en 1796, à La Faye. (décès de Jeanne Gobinaud en 1826)
  • En 1841, leur fils Pierre Lacour, né à La Faye le 7 février 1797, décédé à Condac en 1866, (voir à la fin de la page cette étonnante similitude) est propriétaire et meunier à Condac, époux le 28 mai 1822 à Condac  de Julie Julienne Amiaud (décédée en 1854) : des fils, Pierre Barnabé né le 5 février 1824 à Condac, François (dit Louis en famille). Un frère propriétaire : André Lacour. Ils ont 6 domestiques et 1 servante.
  • En 1846, Pierre Lacour (48 ans) est propriétaire et meunier, époux de Julie Amiaud (45 ans) : un fils, Louis (18 ans). Un frère propriétaire : Chéri Lacour (meunier, 45 ans). Ils ont 6 domestiques et 1 servante.
  • En 1851, Pierre Barnabé Lacour (53 ans) est propriétaire et meunier, époux de Julie Amiaud (50 ans) : un fils, François dit Louis (23 ans). Un frère propriétaire : Chéri Lacour (meunier, 49 ans). Ils ont 6 garçons de moulin, 1 farinier, 1 bouvier et 1 servante.
  • En 1861, Pierre Lacour (64 ans) est propriétaire et meunier (il décède à Condac le 4 janvier 1866 à 69 ans, fils de F. Barnabé Lacour et Jeanne Gobinaud): un fils, François dit Louis (33 ans) époux de Augustine Prebay (26 ans) et père de Marie-Louise Prebay (nourrisson de 5 mois). Un frère propriétaire : Chéri Lacour (meunier, 49 ans). Ils ont 5 garçons meuniers, 1 farinier, et 2 servantes.
Note : François (dit Louis) Lacour épouse à Ruffec Augustine Prebay le 9 janvier 1860, c'est la fille d'Auguste Prebay (propriétaire de l'Hôtel du Chêne Vert à Ruffec) et de Clémence Goupil.
  • En 1872, Fçois Louis Lacour (45 ans) est minotier, époux de Augustine Prebay (38 ans) et père de Marie-Louise Prebay (13 ans), de Emma (10 ans) et de Eugène (8 ans). Ils ont avec eux 1 roulier, 3 fariniers, et 1 servante.
  • En 1876, Fçois Louis Lacour (49 ans) est minotiier, époux de Augustine Prebay (43 ans). Ils ont 3 domestiques.
  • En 1881, Louis Lacour (54 ans) est minotiier, époux de Augustine Prebay (47 ans). Ils ont 5 domestiques.
  • En 1886, Fçois Louis Lacour (58 ans) est minotiier, époux de Augustine (Augusta) Prebay (51 ans). Avec eux, leur fils Eugène Pierre Auguste, 22 ans. Ils ont 3 domestiques.
  • En 1891, François (Louis en famille) Lacour, 63 ans, est négociant minotier, c'est l'époux d'Augustine Marguerite (dite Augusta) Prebay.
Note : François (Louis en famille) Lacour décède le 13 octobre 1899 à Condac, il était né le 19 décembre 1827 à Condac.
  • En 1899, Eugène Pierre Auguste Lacour, est minotier à Condac, il a 35 ans, il a épousé à Aigre le 22 avril 1895 Julie Thérèse Joubert.
 
Nota : on découvre parfois lors de certains recensements des fariniers et des rouliers résidant en famille à Condac, la liste des employés de la minoterie n'est donc pas exhaustive.
 

"A la fin du XIXe siècle, le domaine de la meunerie est marqué par un contexte de concentration et de concurrence exacerbée. Les phases successives de mécanisation donnent naissance aux minoteries. Les moulins ruraux, pratiquant la mouture à façon, ne peuvent s’adapter et disparaissent inexorablement. Ce constat est dressé par l’ensemble des observateurs régionaux."

"L’éloignement des zones urbaines où se concentrent désormais les grandes minoteries, affranchies des contraintes de l’énergie hydraulique et à proximité des grandes voies de circulation, préserve un marché local et offre un certain répit à ces moulins. L’évolution est toutefois inéluctable.

Les établissements décidés à survivre sont contraints de s’équiper de broyeurs à cylindres pour accroître leur rendement et délivrer une farine plus blanche et d’un plus grand degré de finesse.
Pour les autres, le déclin est amorcé. Ils disparaissent en grand nombre au cours de la dernière décennie du XIXe siècle.
"

D'où le déclin prévisible des moulins de Condac...
 

Eugène Lacour avait peut-être conservé une partie des bâtiments de ses moulins (l'Observateur de Ruffec laisserait à penser qu'il aurait pu conserver en 1909 le moulin central) jusqu'à cet accident de chasse survenu en février 1919 puisqu'il est dit minotier. Mais pour vivre il lui a fallu devenir aussi agent d'assurances, métier qu'il a exercé à Ruffec.
 

Ne serait-ce pas notre Eugène Lacour ?
 
Un site internet cite une industrie textile au moulin de Condac mais aucune trace d'une telle activité ne remonte en mémoire des locaux (comme la laiterie qui avait été installée en 1909).

Pourtant  sur ce site : http://patrimoine-de-france.com/charente/condac/minoterie-filature-tissage-dit-etablissement-simoneton-filatures-et-tissage-de-la-charente-restaurant-1.php

C'est un rebondissement dans l'histoire du moulin de Condac : je suis intéressé pour en savoir plus ! On peut m'adresser un mail : pbaudouin@wanadoo.fr
 


De la farine au lait... sans électricité
Une opportunité importante a été bâclée à Condac.

En 1909, les moulins sont vendus pour être transformés en laiterie. Avec le fromage gras de Ruffec et les vaches nourries avantageusement dans les prés bordant la Charente, on pouvait espérer un gros succès. D'ailleurs on cherche à installer une turbine. Il faut dire que le site aurait été idéal pour cela et qu'il aurait pu recevoir un alternateur pour - à l'imitation de Verteuil - distribuer le courant électrique dans le secteur. A l'époque, le Préfet demandait au maire de Charente des sites pour créer des barrages à usines électriques.
Il n'y aura ni électricité, ni beurre ni fromage, juste un peu de caséine.


En 1909 le moulin est acheté par une entreprise laitière mais revendu quasiment aussitôt.

En 1910, la laiterie de Villefagnan est primée à Turin pour son beurre...

Dans les années 1960 le "Mon Ruffec" est produit par  Saint-Saviol... Un pousse-au-crime !


Depuis 1909, les vastes immeubles des moulins de Condac ont été acquis par la Société Française des Produits Lactés, qui devait y traiter le lait, le beurre et s'occuper de la fabrication de divers sous-produits.

Une société parisienne, dite Compagnie française des Produits lactés, fondée le 21 janvier 1909 pour une durée de trente ans, au capital de un million 250,000 fr., devenue propriétaire du moulin, a commencé ses travaux d'installation. MM. Lamouroux et Meunier, fondateurs, déjà propriétaires d'une société en nom collectif dont le siège était à Paris, rue de Wattignies, 84, devaient apporter à la nouvelle société leurs établissements industriels, la clientèle et l'achalandage, la propriété des brevets d'invention, etc.

Mais...
Les espérances qu'on semblait fonder sur l'importance de cette transformation ne semblent pas devoir se réaliser (1911). On y traite la caséine.


Par acte en date du 20 avril 1911, la dite Société vient de réduire son capital à 416.000 fr. et de transférer son siège rue Jouffroy, 2, à Paris.
 
Cette illustration (simple illustration) est à observer avec prudence : La société des Produits Lactés n'est peut-être pas la Société Française des Produits Lactés.


Par acte en date du 20 avril 1911, la dite Société vient de réduire son capital à 416.000 fr. et de transférer son siège rue Jouffroy, 2, à Paris.

En mars 1912, la laiterie de Saint-Saviol entre en fonction...

En 1914, à Condac, c'en est fait, le moulin est déjà inutilisé.

 
Les photos qui suivent (grâce à un lien) appartiennent au site : http://patrimoine-de-france.com/ et datent vraisemblablement d'avant la guerre de 1914-18.


A gauche, la pelle de règlage du niveau d'eau du coursier.
Derrière, l'aile est du moulin où sera établi le restaurant .
A droite, donc au nord, le logement des meuniers Lacour.


Les pelles sont levées, un pont en bois permet d'accéder aux commandes.
 
La minoterie fut transformée en filature et de tissage après la guerre de 1914-1918 et les bâtiments annexes deviennent des ateliers de fabrication...



Filatures et tissages à Condac (Charente) : ne manquent que des témoins !

Emmanuel Simoneton avait acheté le moulin en 1920 en vue sans doute d'y développer certaines de ses activités industrielles. Un de ses fils André Simoneton fut l'architecte d'une restauration du barrage en 1920. Des photos le représentent à l'issue des travaux de restauration du barrage en 1920.


L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
La maison Simoneton frères exposait dans cette classe un intéressant appareil à filtrer. Ce filtre se compose essentiellement d'une série de plateaux enveloppés d'un tissu filtrant. Le filtrage s'exerce par pression.
Le liquide à filtrer s'introduit par un robinet, remplit successivement les chambres,
exerce la pression sur les tissus, se filtre et, descendant le long des cannelures, vient se recueillir par le robinet de chaque plateau, dans une gargouille, d'où il se distribue dans les demi-muids, barils, etc., servant à en faire la livraison.
Lorsque la filtration des vins ou liquides est terminée, le liquide s'égoutte entièrement et il ne reste, le long des tissus, qu'un peu de lie qu'il est facile de laver en démontant les serviettes.
Lorsque les robinets ne donnent plus de liquide, malgré l'introduction de nouvelles
quantités de lies ou boues, on ouvre les plateaux en desserrant les vis ; la matière sèche sort en tourteaux et on peut recommencer sans démonter les toiles à chaque opération.


Sans doute sur une foire ou une exposition : Universelle à Paris ?

Simoneton au Raincy
Les établissements Simoneton, filatures et constructions de filtres industriels, pompes et matériel pour le service d'incendie furent une importante usine située sur le plateau du Raincy entre 1876 et 1969. D’une superficie de près de trois hectares, l’usine du Raincy occupa dans les années 1920 plus de 200 personnes dans ses ateliers et bureaux, ouvriers et ouvrières du Raincy et de la région.

Dommage pour Condac et environs d'avoir dû laisser partir cette belle entreprise. Mais localement avait-elle autant d'importance puisque si certains avancent un incendie en 1940, d'autres comme Guy Dorlac (Moulin-Neuf à Ruffec) l'ont toujours connu (depuis 1935) en quenouille. Lui ne se souvient pas d'un incendie.
 

Quand le moulin devint enchanté

"Ce moulin appartenait à Me Sabelle, huissier rue du Piolet à Ruffec, qui en a cédé après-guerre l'exploitation à Maurice Cottinaud (bail emphithéotique), ce dernier est le fils de l'ancien boucher de la place du marché (rive sud de la rue qui mène à Confolens) où s'était installé Mimaud. Maurice Cottinaud avait tenu un restaurant en région parisienne. Après la libération, ce sont des prisonniers allemands qui ont creusé la piscine sans machine, et M. Cottinaud a ouvert un café-restaurant. Dans le café, la roue du moulin servait à poser les bouteilles [voir cartes postales], le restaurant était à l'étage.

Dans les années 1950.

Maurice Cottinaud avait créé un golf miniature et au fond de l'île, ajouté un dancing en plein air qu'il appelait "L'ile d'amour" (Sic ! Des filles s'en souviennent).
Ce fut un grand succès obtenu pour tout cet ensemble. Un club nautique avait été créé..."
Marcel Jarraud.

"Puis on y construit une piscine, et un logement patronal, (puis un restaurant, etc.) sur les vestiges de la minoterie, au début du dernier quart du 20e siècle." Source Patrimoine industriel...

A gauche : l'Ile d'Amour... du Moulin Enchanté.
(C'est sûr ! on essayait... le samedi soir... dans le noir)
Au centre du cliché : le déversoir ou retenue.
A la suite, le restaurant actuel construit par M. Barry.
A l'arrière du restaurant et au fond, le mini-golf.
La piscine ne se voit pas ici : elle était située à droite de cette photo.

Voir la suite de l'histoire en lisant la page "Histoire de Condac" !
Autre lien sur l'histoire des moulins.

Ou celui-ci très pertinent pour comprendre le fonctionnement de tout moulin.


Pierre Lacour (est-ce le même ?)
Relevé dans l'histoire de Mauriac en Dordogne
Ce texte d'André Chavatte dont la source est la suivante : « Les moulins à eau de la basse vallée de l’Isle entre Périgueux et Bénévent", mémoire réalisé en 1985-1986 par Mr Laurent POUPARD (Série BIB A 1427, AD24)

En 1767, jusqu’au 4 août 1789, date à laquelle il sera saisi comme bien national, le moulin est la propriété de la Marquise de TALLEYRAND. Il se compose alors de trois paires de meules à grains, une meule à huile, un moulin à foulon et une maillerie pour les étoffes, mus par 5 rouets à cuve.
Il est racheté par Pierre LACOUR qui le loue par bail du 26 février 1807 aux sieurs Gabriel et Jean AUDEBERT.

Lire la totalité : http://www.aprh.info/MFA_NEW/PERIGORD/eau/moulins/moulin_mauriac.htm

Afficher la suite de cette page



Créer un site
Créer un site