"Je soussigné, Jacques François Augustin Chrestien, à ce duement authorisé par Monsieur le comte de Broglie, chevalier des Ordres du Roy, lieutenant général de ses armées, seigneur des terres et châtellenie de Ruffec, etc., me soumets et m'oblige de fournir et livrer pendant six ans à compter du premier janvier de l'année prochaine, dans les ports de Brest, de Toulon et de Rochefort, tout l'acier provenant de la forge de Ruffec nécessaire pour le service des dits ports, et dont la quantité sera fixée chaque année relativement aux demandes des Intendants des dits ports. Conditions : L'acier qui sera fourni dans chacun de ces trois ports sera payé au dit entrepreneur à raison de douze sols la livre poids de marc; mais il luy sera accordé un sol d'augmentation par livre pesant pour celuy qu'il livrera à Toulon, et il luy sera permis de plus de faire embarquer sur les bâtiments du Roy qui pourront être expédiés de Rochefort pour Brest et pour Toulon l'acier qu'il aura à faire passer dans ces deux ports, pourvu qu'il n'en résulte ni diminution dans le chargement des dits bâtiments, ni retardement dans leur départ. Chaque fourniture sera payée à Paris, argent comptant, par le Trésorier général de la marine, à la présentation des certificats de réception qui seront délivrés immédiatement après la livraison. Les quatre deniers pour livre attribués à l'entretien des Invalides de la marine seront retenus sur le montant de chaque fourniture. Fait à Paris, le neuf juin mil sept cent soixante neuf. Vu et accepté : Chrestien. Le duc De Praslin." |
Lettres patentes du 29 juin 1731. LOUIS, etc. Notre très cher et bien aimé cousin Louis, duc de Saint-Simon, pair de France, comte de Rasse, grand d'Espagne de la première classe, chevalier de nos ordres, nous a fait représenter qu'il y a dans son marquisat de Ruffec, en Angoumois, une forêt de 2,700 arpents, composée de hêtres, chênes et châtaigniers, presque tous abroulis et de mauvaise venue, dont les bois, qui ne sont propres qu'à faire du charbon, dépérissent et ne peuvent jamais venir en belle futaie ; que, dans la visite qui a été faite de cette forêt pour la marine, il s'est trouvé quelques baliveaux propres pour la construction des vaisseaux, mais que le transport en a été reconnu si difficile, et même impossible, au port de Rochefort, qu'il n'a pas été jugé convenable de les prendre, et, ayant fait publier ces arbres pour les vendre, il ne s'est présenté personne pour les acheter, en sorte que ces bois ne peuvent avoir aucun débit, et on ne peut tirer aucune utilité d'un fonds aussi considérable, qui dépérit journellement et devient à rien; que ces motifs l'ont engagé à chercher les moyens de tirer quelque avantagé de cette forêt, et le seul qu'il ait pu trouver est la construction d'une forge, d'autant plus qu'il se trouve sur le terrain une mine abondante, et qu'il n'y a point de forges dans le canton de ces bois. Sur quoi, nous étant fait représenter en notre Conseil le procès-verbal fait par le subdélégué d'Angoulême le 16 mars dernier et jours suivants, portant qu'il ne s'est présenté personne pour s'opposer à la construction de ladite forge, et que ceux qui ont comparu ont certifié l'utilité dont elle seroit, tant pour la consommation des bois du pays, qui dépérissent faute de débit, que pour y rendre plus commun le fer dont on y a besoin ; autre procès-verbal, du 28 dudit mois de mars, de la visite du terrain sur lequel ladite forge doit être construite et des bois qui peuvent servir à son affouage, portant que, dans l'étendue du marquisat de Ruffec, il y a deux endroits sur la rivière de Charente propres pour la construction de la forge dont il s'agit, le premier appelé le Moulin d'Aysie, situé dans la paroisse de Toisy (Taizé-Aysie, commune du canton de Ruffec), et le second appelé le Moulin de Chabenier, dans la même paroisse, et qu'il y a plus de bois à portée de l'endroit où sera la forge qu'elle n'en pourra consommer, nous aurions, par arrêt de notre Conseil du 19 du présent mois et an, permis à notre dit cousin le duc de Saint-Simon de faire construire sur le bord de ladite rivière de Charente et dans celui des deux endroits mentionnés au procès-verbal du 28 mars dernier, dépendant de son marquisat de Ruffec, une forge à fer, avec les fourneaux nécessaires et ordonné que, pour l'exécution dudit arrêt, toutes lettres nécessaires seront expédiées, etc... A ces causes, etc., permettons, etc., à la charge, par lui, d'indemniser les propriétaires et tous autres qui pourroient souffrir quelque préjudice et dommage de cet établissement ainsi qu'il sera convenu à l'amiable, sinon à dire d'experts dont les parties conviendront par-devant le sieur de Saint-Léger, grand maître de nos eaux et forêts au département du Poitou, etc. Donné à Fontainebleau, le 39e jour de juin, l'an de grâce 1781, et de notre règne le 16e. Signé : LOUIS. Par le Roi : PHELYPEAUX. |
Mines et forges
Au XVIIIe siècle, le minerai était extrait de mines situées dans la région, comme à Ruffec où on retrouve trace des lieux d’extraction sous la forme d’immenses cuvettes. «On trouve sur le territoire de la commune des Adjots du minerai de fer en globules détachés d’une grosseur variable. Souvent ces globules sont réunis et forment masse en veines ou filons plus ou moins considérables. Ces filons quelquefois très riches sont inclinés en tous sens souvent horizontaux. Les ouvriers les suivent par dessous terre ou à une très petite profondeur La mine rend en fonte de fer environ moitié de son poids, le fer qui en provient est d’une excellente qualité…»
«Cette mine alimente la forge de Ruffec, distante d’une lieue. Bien lavée, elle rend du fer fondu, pour former de la gueuse…»
La forge dite de Ruffec appartenait au comte de Broglie, marquis de Ruffec. «Le comte Charles-François, comte de Broglie (1719-1781) était un personnage aussi mystérieux que considérable. Petit de taille mais d’une haute intelligence, il se savait porteur d’un grand nom et travailla toute sa vie à l’honorer en même temps qu’à servir son roi et son pays. Ambassadeur à Varsovie (1752), il combattit l’influence russe et s’efforça de retarder la chute de la Pologne, avant de participer aux premières batailles de la guerre de Sept ans (1756-1763) et de se faire remarquer, en 1761, à l’occasion de la défense de Cassel. Il fut ensuite appelé à diriger le « cabinet noir » de Louis XV : ce cabinet, mieux connu sous le nom de « Secret du roi », fut successivement dirigé par Louis-François de Bourbon (prince de Conti), Jean-Pierre Tercier et le comte de Broglie. Il comprenait un service de renseignements (rapports oraux du Lieutenant de police, interception de lettres privées) et un service de correspondance avec l’étranger permettant une diplomatie parallèle. Son existence ne fut découverte que la semaine précédant la mort de Louis XV : il avait fonctionné en secret pendant plus de 20 ans. »
A Taizé-Aizie, village situé sur la rive droite de la Charente à 1,5 lieue de Ruffec, on trouvait au XIXe des fabriques de chaudières à sucre et de poterie de fonte. Mais aussi des hauts fourneaux, des forges, aciéries à martinets et fonderie pour transformer le minerai extrait des environs de la forêt de Ruffec. « Cet établissement, pourvu de grands privilèges et d’une dotation annuelle de 15.000 livres, lutta pendant quinze ans contre les obstacles qui résultaient de son principe même. Vers 1781, le gouvernement se lassa d’accorder des encouragements qui restaient sans résultat, et aussitôt l’aciérie de Ruffec dut subir le sort de toutes celles qui l’avaient précédée. D’autres établissements furent créés vers la même époque, en vue de convertir en acier les fers indigènes…»
On a pu voir en 1762 un maître de forges de Ruffec anobli (1) pour avoir apporté des améliorations techniques à la fabrication de la fonte et du fer, M. de Guignebourg était M. Robert, maître des forges de Ruffec.
(1) M. Robert , maître de la forge de Ruffec en Angoumois, dont le mémoire a remporté en 1756 le prix proposé par l’Académie de Besançon, a imaginé un lavoir, dont voici la description telle qu’elle a été donnée par l’auteur, suivant une copie manuscrite de ce mémoire, qui nous est parvenue. « Ce lavoir est posé dans un bassin formé de bois qui a un écoulement pour évacuer avec l’eau sale les fables & terres grandes qui passent au travers de la fonçure du lavoir… »
1868 : « Nous voici devant l’exposition d’Emile Martin, le fondateur bien connu de l’usine de Fourchambault, et aujourd’hui propriétaire des hauts-fourneaux, forges, fonderies et aciéries de Sireuil, et Ruffec dans la Charente. Pierre Martin, fils d’Emile, et lui-même directeur des établissements de Sireuil et de Ruffec ».
Peu à peu ce fut le déclin des forges de Ruffec, mais à Ruelle les canons se fondirent encore par milliers.
Le secteur de Guignebourg à Londigny.
Les hachures sont les traces laissées par les sondages archéologiques sur le tracé de la future LGV SEA. Massacre !
Guignebourg
Le logis de Guignebourg (paroisse de Londigny), était déjà à l'état de ruines au milieu du XVIIIe siècle. Il aura pourtant son utilité, celle de fournir un titre au roturier Michel Robert.
Vers 1450, le logis de Guignebourg appartient à Pierre de la Porte qui maria sa fille Marie à Pierre de Vasselot, seigneur du Breuil-Millon. Les Corgnol, puis les Beauchamp au XVIIe en seront les seigneurs. Par mariage, le logis passe aux Ponthieu.
Vers 1767, Michel Robert (1715-1793), écuyer, né à Lhomaizé (86), décédé à Angoulême (1), était seigneur de Guignebourg et de la Péraudière (Montjean). Anobli par Louis XV en 1759, il avait acheté à cette date Guignebourg pour le titre qui allait avec.
Il était maître de Forges (Taizé, Verrières, Champlaurier). Il avait épousé Anne-Suzanne Dupont ; leur fille épousa le 27 avril 1767 Alexandre-Louis Dumas, écuyer, seigneur de Chébrac, Salvert.
En 1783, Auguste-François Prévost acquiert Guignebourg.
M. Robert de Guignebourg, remporta en 1756, le prix des arts (2) de l'Académie de Besançon pour son « Mémoire sur les forges à fer ».
Autre exemple : « Moyens d'améliorer les fers aigres, que la forme sur laquelle est monté le fourneau d'Aizy, est d'après les principes de M. Robert de Guignebourg, dont la méthode a été rendue publique par ordre du gouvernement ».
Ou encore : Le sieur de Guignebourg écrit en 1774 : « Le principal agent d'une forge est le gros marteau qui pèse pour l'ordinaire 800 à un milliers, [de livres soit 450 kg...] mais le travail continuel d'un aussi gros agent causent souvent des cassures dont la réparation coûte tous les ans beaucoup de journées...; on a réussi dans quelques forges à travailler avec des marteaux de fonte,... »
En 1789, Michel Robert de Guignebourg, écuyer, est seigneur de Scée, Servolle, Fonciron, Andreville, le Petit Bardines.
(1) Inventaires des biens de Michel Robert seigneur de Guignebourg (1715-1793), ingénieur métallurgiste anobli par Louis XV, dont les travaux ont porté sur l'amélioration de la fabrication de la fonte et du fer. - mise sous scellé et inventaire des biens du citoyen Robert Guignebourg faits le lendemain de sa mort. 2 manuscrits (136 pp. in-4). Angoulême, janvier 1793. - 3 inventaires de 1780 et 1783 des maisons de Chébrac, de Pétouret et d'Angoulême, signés par les intéressés dont Robert de Guignebourg. Détaillant en particulier l'importante bibliothèque de sa maison d'Angoulême. 15 pp. gd in-folio.
(2) http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5821891c/f4.image
Le fondage
Au haut-fourneau, le fondage est la transformation des matières premières en fonte. Opération de transformation du minerai de fer et du charbon de bois en fonte demandant une grande attention de la part du Maître-Fondeur. Au mois de Février 1762, feu Mr. l'Évêque de Bâle qui ne trouvait plus en Suisse ni en Allemagne des ouvriers capables de fondre les riches mines de fer, s'adresse au Sieur de Guignebourg qui se rendit dans les forges où il fit monter un fourneau dont les riches fondages ont, depuis cette époque, constamment soutenu et augmenté le revenu des manufactures de ce Prince.
Amélioration des forges
II est donc évident qu'on s'alarme en Europe, & avec raison , de la consommation excessive des charbons dans les forges à fer, puisqu'on cherche dans une de ses parties des mieux boisées les moyens d'obtenir, par une cuisson faite fur de bons principes, une plus grande quantité et une meilleure qualité de charbons ; cette branche perfectionnée produirait, sans doute, de grands avantages; il en résulterait aussi beaucoup d'une méthode aisée & peu dispendieuse propre à ôter toute la fragilité des fers, sujets, lorsqu'on les met en oeuvre, à un quart au moins de déchet : ces deux branches, quoique très-fortes, ne seraient cependant que la moitié, ou environ, du bénéfice qu'on pourrait retirer d'une meilleure administration des forges ; on va le démontrer par le tableau général des travaux de celles de France & le détail des objets qui ont besoin d'être améliorés : ensuite on donnera le résultat de ce tableau, celui des moyens d'économie & une façon aisée de les mettre en pratique à peu de frais, avec les avantages qui en résulteraient pour tous les ordres de l'Etat.
Les principales branches qu'il est nécessaire de perfectionner dans les forges de France pour qu'on puisse y fabriquer tout le fer & l'acier dont on a besoin pour l'Artillerie, l'Agriculture, les transports occasionnés par le commerce, pour la marine, les édifices et les outils de toute espèce, sont :
Les mines de fer font si chargées de matières étrangères fortement attachées à leurs grains, qu'il est très difficile de les bien laver : le sieur Robert de Guignebourg, qui faisait valoir, en 1756, la forge de Ruffec pour son compte, mécontent des lavoirs dont sa famille se servait depuis plus de quatre-vingts ans, et les seuls en usage dans presque tout le Royaume, en imagina un fort simple, peu coûteux & qui épure la mine autant qu'il est possible, eu égard à la forme irrégulière de son grain. Aussi peu satisfait de la construction des grands fourneaux, le sieur de Guignebourg en changea les dispositions ; il diminua la quantité de charbons qu'on y portait par chaque charge, et il obtint, à l'aide de son lavoir et de ces changements, un cinquième d'économie sur la consommation des charbons, et beaucoup plus de pureté dans la fonte.
L'Académie de Besançon ayant demandé, cette même année 1756, pour sujet de son Prix des Arts, la meilleure manière de fondre les mines de fer, le sieur de Guignebourg lui envoya son Mémoire qui remporta le Prix.
Le feu Roi, à qui on rendit compte de ce Mémoire en 1758, ordonna qu'on le mît à l'impression ; et sur le rapport qui fut fait, quelque temps après, à Sa Majesté de l'avantage qui en résultait, elle accorda au sieur de Guignebourg des lettres de noblesse les plus distinguées.
Au mois de Février 1761, feu M. l'Evêque de Bâle, qui ne trouvait plus en Suisse ni en Allemagne des ouvriers capables de fondre ses riches mines de fer, s'adressa au sieur de Guignebourg, qui se rendit dans ses forges, où il fit monter un fourneau, dont les riches sondages ont, depuis cette époque, constamment soutenu et augmenté le revenu des Manufactures de ce Prince.
Ces fourneaux établis dans l'Angoumois, le Poitou, le Perche et la Bourgogne, y ont produit les meilleurs effets : ils auraient été plus considérables si on eût profité du lavoir du sieur de Guignebourg, dont le dessin n'a pas été entendu des Maîtres de forges, quoique fait, ainsi que celui des fourneaux, par le fameux Blondel, Professeur à Paris; ce qui prouve la nécessité de faire dans les forges, comme autrefois, des visites pour y porter, de l'une à l'autre, les bonnes découvertes.
Le lavoir du sieur de Guignebourg serait, surtout, essentiel pour épurer les mines destinées à mouler des canons, dont les défauts, causés souvent par un grain de matière étrangère, nuisent nécessairement au Fabricant ou à l'Etat.
Quand on a des mines bien lavées et réduites à la grosseur d'un petit oeuf de pigeon, avec des fourneaux construits sur de bons principes il faut, pour y fondre avec économie, choisir les meilleurs charbons : on les fait depuis longtemps, par routine. Il serait cependant de la dernière conséquence pour un Etat, où, sans compter les canons , tuyaux, boulets, marmites et autres moulerie, si on coule 377 millions 600 mille livres de fontes destinées à convertir en 136 millions de livres de fer, à quoi on porte la fabrication nationale, il serait, dis-je, de la dernière conséquence d'adopter généralement la meilleure-façon de convertir en charbons les bois destinés à l'approvisionnement des forges.
Le sieur de Guignebourg s'est procuré le mémoire de M. Rigoley, Maître de la forge d'Aizy (piège : ne pas confondre avec Aizie près de Ruffec)) près Montbard en Bourgogne, concernant les procédés qu'il pratique, depuis dix à douze ans, pour la cuisson des charbons relativement à l'espèce des bois e du terrain, et au moyen desquels il obtient un sixième plus de charbons et d'une qualité supérieure qu'en faisant cuire les bois par les meilleurs charbonniers qui fournissent Paris.
Remise d'une médaille à M. P. Martin, par le Comité des Forges de France (1910).
Ainsi que le Génie Civil l'a annoncé,1e Comité des Forges de France et les Chambres syndicales du
Matériel des chemins de fer, de la Construction navale, du Matériel de guerre, ont fêté le 9 juin 1910, à l'occasion de leur banquet annuel, M. Pierre Martin, l'inventeur du procédé de fabrication de l'acier Martin-Siemens, qui révolutionna la métallurgie.
M. Millerand, Ministre des Travaux publics, était présent; le Ministre de la Guerre et le Ministre de la Marine s'étaient fait représenter.
Quelques-unes des personnalités les plus notables des grandes Associations métallurgiques de l'étranger avaient tenu également à rendre, par leur présence, un juste hommage au Français dont l'invention est répandue dans le monde entier.
En l'absence de M. Guillain, président du Comité des Forges, qu'une grave indisposition retenait loin de ses collègues, le banquet était présidé par M. Eugène Schneider, vice-président du Comité.
M. Pierre Martin qui, comme on sait, est âgé de 85 ans, n'avait pu s'exposera la fatigue du banquet; mais, le dîner à peine terminé, M. Schneider alla au-devant de l'inventeur qui arrivait au même instant, et, le prenant par le bras, le conduisit à la table d'honneur, au milieu des applaudissements répétés de l'assistance.
Après avoir prononcé quelques paroles émues sur la personnalité de l'inventeur, M. Schneider lui a remis la médaille commémorative frappée en son honneur, puis M. H. Le Chatelier, inspecteur général des Mines, membre de l'Institut, a fait un exposé lumineux de la découverte et des perfectionnements successifs du procédé, montrant en quoi a consisté l'invention de M. Pierre Martin, combien d'efforts et d'argent ont été dépensés avant d'atteindre le but.
M. Pelletan, inspecteur général des Mines, sous-directeur de l'Ecole Nationale des Mines, a rendu hommage à l'inventeur. Puis la parole a été donnée au docteur Schrödter, directeur général du Verein Deutscher Eisenhüttenleute, à M. Lloyd, secrétaire de l'Iron and Steel Institute, et à M. Greiner, directeur du Comptoir des Aciéries belges, qui ont été très applaudis.
M. Millerand a clos la série des discours en disant que le Gouvernement se devait d'associer la France a cette touchante et significative cérémonie. « L'acier Martin, a-t-il dit, même aux oreilles profanes, ces mots sonnent, tant nous avons coutume de les entendre répéter avec l'éclat d'une grande et puissante découverte. Plus importante, en effet, qu'on ne saurait l'imaginer, si l'on songe qu'en trente années seulement, de 1880 à 1910, la production de l'acier sur sole a passé, en France, de 160000 tonnes à près de 1 million de tonnes; en Allemagne, de 36000 tonnes à près de 4 millions de tonnes; en Angleterre, de 225000 tonnes au même chiffre de 4 millions de tonnes; aux États-Unis, de 102000 tonnes à 8 millions de tonnes. Et, pour la production universelle, de 642000 tonnes à 18925 000 tonnes. Si bien qu'en 1908, l'acier Martin représentait 50 0/0 de l'acier de toutes catégories produit dans le monde entier. »
Au milieu d'applaudissements répétés, le Ministre des Travaux publics a donné l'accolade à M. Pierre Martin et lui a épinglé la croix d'officier de la Légion d'honneur. Ce dernier en exprimant sa gratitude au Comité des Forges et à tous ceux qui ont bien voulu lui apporter l'expression de leur sympathie, a tenu à associer à l'honneur qui lui était fait les noms de son père, de M. Paulin Talabot, et il a insisté particulièrement sur la part prise à ses travaux par certains de ses contremaitres et ouvriers, qui furent les collaborateurs de son œuvre.