Les Rouillon et l'Hôtel de France
L'Hôtel de France sera nommé ainsi par Claudot (gendre Deschandeliers) en 1902 (consulter les pages les concernant pour disposer de toute l'histoire de cet hôtel qui avait continué l'Hôtel de la Poste de Thorel).
Puis l'Hôtel de France fut vendu en 1929 à Louis Léon Rouillon et son fils Roger (résistant et officier de la légion d'honneur). Roger Rouillon, et son père Léon Rouillon, propriétaire de l'ancienne abbaye de Nanteuil-en-Vallée, avaient acheté l'hôtel et ses dépendances le 14 juillet 1929. Roger et son épouse Germaine exploitaient cet établissement. Généalogie des Rouillon Ruffec-Nanteuil
(Jean) Pierre ROUILLON (journalier, né le 10 novembre 1821 à Ayron dans la Vienne, décédé le 29 mai 1871 à Ligugé) époux de Madeleine BIREAU (journalière, née en 1824 à Benassay - Vienne -, décédée le 16 août 1871 à Ligugé - Vienne) eurent : - Victorine ROUILLON, née 1847 vers Poitiers (décédée à Ligugé le 6 avril 1868)
- Marie ROUILLON née 1851 vers Poitiers
- Félix Alexis ROUILLON dit Eugène, pisciculteur), né le 30 mai 1854 à Quinçay (près Poitiers) et décédé le 23 septembre 1925 à Nanteuil-en-Vallée ; veuf en premières noces d'Augustine Adrienne Roy (dcd à Nanteuil le 17 août 1908, née à Cheü dans l'Yonne, 53 ans, fille de Edme Joseph Roy et d'Augustine Tremblaye, tous les deux dcd), et veuf en secondes noces de Marie Victoire Angladon.
- Radegonde Rouillon née le 12 décembre 1856 à Vouneuil-sous-Biard (dcd jeune sans doute puisque ne figure pas en 1861 au recencement de Ligugé.)
- Léonie ROUILLON, née 1857 vers Poitiers
- Louis Léon ROUILLON, né en 1859 à Vouneil-sous-Biard (86), décédé 55 quai d'Austerlitz à Paris le 25 novembre 1930.
- Florentine Charodeau, épouse LL. ROUILLON, née le 10 janvier 1866 à Montluçon, décédée le 24 avril 1934 à Nanteuil-en-Vallée.
Mariage de Louis Léon ROUILLON et de Clémence CHARODEAU, le 29 Juin 1886 à Montluçon. - Louis Léon ROUILLON, restaurateur, âgé de 26 ans, demeurant à Poitiers (Vienne), au buffet de la Gare. Il est né à Vouneuil-sous-Biard, canton de Poitiers, le 15 août 1859, fils majeur et légitime de Pierre ROUILLON et de Madeleine BIREAU, tous les deux décédés à Ligugé (Vienne), Pierre le 29 mai 1871, et Madeleine le 16 août 1871.
- Clémence Florentine CHARODEAU, sans profession, âgée de 20 ans, demeurant à Montluçon où elle est née le 10 Janvier 1866, fille mineure et légitime de Florentin CHARODEAU, mécanicien au Chemin de Fer d’Orléans, et de Clémence LACHAT, sans profession, domiciliés au Pavé de cette commune. Elle est décédée en 1934 et inhumée à Nanteuil-en-Vallée.
- Roger ROUILLON, né 1887 à Quimper, épouse Germaine LEMETAYER le 28/9/1893 à Angoulême, Elle sera déportée et décédera le 9/3/1945 à Ravensbrück.
- Léon (qui a écrit en 1920 à l'abbaye cet ouvrage : http://www.tetedeturc.com/home/spip.php?article558), puis Henri et Roger.
- Henri Rouillon, père de Pierre (fusillé) et René (dcd en 2004 à Paris).
Louis Léon ROUILLON (orphelin à Ligugé à 12 ans, a dû se former comme cuisinier), il oeuvre au Buffet de la gare de Poitiers en 1886 puis à Quimper (où nait Roger en 1887) ; il s'installe à Paris et réussit à devenir le patron du buffet de la gare d'Austerlitz où il amasse une petite fortune. Il en confiera plus tard la gestion à son fils Henri Rouillon. Lui-même, vers 1905, reprend le buffet de la gare de Tours (il y réside en 1908).
Ainsi va cette nouvelle famille d'hôteliers : le décès de Félix Alexis ROUILLON dit Eugène, pisciculteur), né le 30 mai 1854 à Quinçay (près Poitiers) et décédé le 23 septembre 1925 à Nanteuil-en-Vallée (veuf en premières noces d'Augustine Adrienne Roy, et veuf en secondes noces de Marie Victoire Angladon) est déclaré par son gendre, Théodore Roy, 52 ans, hôtelier, domicilié au buffet de la gare d'Orléans à Angoulême.
En 1908, lors du décès d'Augustine Roy, c'était son gendre Auguste Roy qui faisait la déclaration en mairie. Théodore et Auguste sont peut-être une seule et même personne ?
Un couple de résistants
Roger Rouillon, est né le 15 avril 1887. Interné du 43 mai 1944 au 1er juillet 1944, il fut déporté du 2 juillet 1944 au 27 mai 1945.
Germaine Rouillon est née (Lemétayer) le 21 septembre 1893 à Angoulème, elle fut internée du 23 mai 1944 au 29 juin 1944 et déportée du 30 juin 1944 au 9 mars 1945.
Durant l'absence en déportation de Roger Rouillon, la direction de l'hôtel était confiée à M. Lemétayer, frère de Germaine Rouillon. "M. Lemétayer, raconte le jardinier René Micheau de Veillemorte, était d'une froideur et d'une rigueur légendaire. Il m'a fait passer le permis en 1946, reçu du 1er coup."
La fabrique au temps des Rouillon Les foies gras étaient uniquement d'oie. Ils étaient achetés, selon M. Mollé qui a longtemps travaillé à la fabrication, sous la coupe de Roger Rouillon (après 1929), associé à ses belles-sœurs Lemétayer dans l'activité hôtelière. Les pâtés se fabriquaient à cette époque (depuis 1929) dans les trois mois d'hiver, autour de Noël, au moment des foies gras. Quand l'activité hôtelière était réduite. Une dizaine de personnes travaillaient encore à "l'usine au début des années 50". Amélie Minéreau était contremaître. Roger Rouillon achetait lui-même ses foies gras d'oie à Ayres-sur-l'Adour (500 foies en clayettes de 25 foies). Les truffes venaient de Dordogne. La recette : les foies étaient rapidement passés au four pour en extraire la graisse après avoir été placés dans un moule spécial. Les truffes étaient enfoncées grâce à un petit emporte-pièces pour ne pas abîmer le foie. Ce dernier, mis en boîte, était arrosé de cognac ou de porto, et d'une préparation d'ingrédients secrète, mais il semble qu'il y a avait du gingembre. Les boites étaient serties et passées à l'autoclave. De différentes formes et grosseurs, les boites portaient une étiquette jaune portant le nom du produit, et l'image des médailles obtenues en concours. Très souvent, ces foies étaient hors-concours dans les concours internationaux. Un produit de luxe pas à portée de toutes les bourses, peu de Ruffécois en ont connu le goût. Les pâtés étaient expédiés en Angleterre, en Hollande, en Espagne, vendus à Paris, Bordeaux etc." Les Rouillon dans la guerre à Ruffec En 1940, les Allemands s'installent dans une bonne partie de l'Hôtel de France. "La cave était abondamment pourvue de tous les grands crus possibles et ce dans les meilleures années. Elle contenait des vieux cognacs et des liqueurs de toutes sortes, elle était la fierté de son propriétaire et l'objet de tous ses soins." relate René Pinaud qui fut prié de participer à la mise en lieu sûr de toutes ces richesses dans une citerne qu'il fallut vider. Roger Rouillon chevalier de la Légion d'Honneur Salle à manger de l'hôtel de France en 1960.
Les Rouillon, une famille de résistants
Et pendant la seconde guerre mondiale, les directeurs de l'Hôtel de France de Ruffec... participent donc activement à la Résistance en cachant des britanniques. Pour en savoir plus, cliquez sur ces liens : Un épisode de la Résistance ou encore ceci. Un drame frappe la famille le 23 mai 1944 : Roger et Germaine Rouillon (sous-lieutenant du réseau d'évasion Marie-Odile), ont été dénoncés, accusés d’avoir offert asile à des parachutistes britanniques, puis déportés : lui, à Dachau (libéré le 29 avril 1945) ; elle, à Ravensbrück… Germaine Rouillon, née Lemétayer le 28 septembre 1893 à Angoulême, internée du 23 mai 1944 au 29 juin 1944, déportée du 30 juin 1944 au 9 mars 1945, est décédée le 9 mars 1945 à Ravensbrück (JORF n°22 du 27 janvier 1999 page 1403). Au retour de déportation, M. Roger Rouillon retrouva la liberté, François (?), et son stock intact. D'autres Rouillon dans la guerre à Paris "Mes parents, mon frère, nos deux jeunes sœurs et moi-même logions gare d’Austerlitz, dans un appartement juste au-dessus du Buffet dont mon père (cousin de Roger Rouillon de Ruffec), après son père (il semble que ce fût Eugène Rouillon), assurait la gérance" relate René Rouillon, qui profitait de ce qu’il logeait dans la gare pour faciliter le passage d’israélites... (1) Voir le livre Société nationale d'horticulture de France, 1914. ...Mes parents avaient aussi parfois agi de même : pour eux, ça n’était pas « faire de la résistance », c’était tout simplement « rendre service » à des personnes en difficulté. Pierre, mon frère, n’avait pas vingt ans en août 1944. J’en avais dix-sept. Il était né le 31 décembre 1924." René ROUILLON est né le 15 Août 1927 à Paris - 15, Rue Buffon 75005 PARIS, c'était le frère de Pierre ROUILLON né le 31 Décembre 1924 à Paris - Fusillé le 16 Août 1944. Disparition de René Rouillon en 2004
"C’est avec une profonde tristesse que nous venons d’apprendre le décès de René Rouillon. Membre du comité directeur du Synhorcat, ce grand professionnel dirigeait à Paris, le Buffet de la gare d’Austerlitz, une affaire de famille revendue récemment..." L'Avenir de Ruffec à la fin du mois de décembre 1953 nous offre à son tour quelques morceaux choisis :
"... Les fours immenses existent encore, les régiments de terrines subsistent dans les greniers mais sont remplacées par des boites métalliques qui sont stérilisées, une fois dûment remplies, à l'autoclave." "Ayant passé par diverses mains, et scindé leurs destinées, l'Hôtel de France et la Fabrique de foies gras se trouvent aujourd'hui réunies dans les mêmes mains, écrit en 1953 le journal L'Avenir de Ruffec qui a visité l'usine au début de décembre 1953, Mlle Lemétayer, belle-sœur de M. Rouillon, assure la direction de la Fabrique de foies gras où oeuvrent des femmes spécialisées, l'une, Amélie, depuis plus d'un demi-siècle, sous la direction de M. Vallade, le chef de l'Hôtel de France." Les foies d'oies, viennent des Landes, de nos jours, la production locale ne pouvant assurer ni la quantité, ni la qualité désirée. "Melle Le Métayer nous montra les foies énormes, d'un blanc rosé, et pesant chacun de 7 à 800 grammes. Dès leur arrivée, nous dit-elle, ils font, un court séjour dans la glacière, à une température de 4 ou 5 degrés, ceci afin de les raffermir. Puis des femmes spécialisées dans ce travail (l'une d'elles Amélie, travaille â la fabrique depuis près d'un demi-siècle) enlèvent les nerfs et le fiel de foies gras, sous la direction de M. Vallade, le chef de l'Hôtel de France." Les foies sont alors classés selon leur grosseur et leur qualité, les plus beaux marinés avec des épices, du cognac cloutés de truffes, selon les recettes que nous avons héritées, deviendront blocs de foie truffé, ou bien recouverts de gelée au porto, foies entiers truffés au porto, ou encore tombeau de foie gras (bloc de foie gras truffé entouré de chair à pâté). Des foies entiers au naturel, sont destinés aux préparations culinaires savantes des gastronomes. Avec les parures et d'autres foies gras, dont certains sont achetés sur place, nous faisons des mousses de foie truffé, des ballottines de dinde au foie gras, de la crème de foie non truffée. Il existe encore toute une gamme de galantines, de volailles, de pâtés de sarcelles, de crèmes de foies de canards dont le secret nous a été transmis par les précédents propriétaires, et qui complètent l'énumération ci-dessus. La fabrication des pâtés de foie gras dure peu de temps et est soumise aux variations de la température et aux possibilités d'approvisionnement. La production extrêmement variable, est allée de trois tonnes à une tonne l'an dernier. Cette année là, le marché des foies gras, à Aire-sur-l’adour, et Mont-de-Marsan, ne dura que trois semaines. Ce marché s'arrête généralement brusquement d'une manière souvent imprévisible. Il n'arrive jamais à satisfaire la demande. Strasbourg, autre ville célèbre pour ses foies gras, importait jadis (avant la guerre) ses foies de Hongrie. Ce marché étant fermé, les fabriques strasbourgeoises se sont rabattues sur les Landes, et les foies sont disputés entre les grossistes qui se les arrachent littéralement. D'autre part, les truffes du Périgord sont en voie de disparition (1). Les chênes truffiers ne donnent plus, on ne sait pourquoi. Certains marchés de Dordogne et du Périgord qui offraient jusqu'à 500 kgs de truffes, en présentent péniblement de nos jours 50 kgs à peine. Toutes ces circonstances restreignent une industrie inimitable, et, dont les débouchés sont pratiquement illimités. La fabrication s'arrêta au début des années 60." L'Hôtel de France fut vendu et ne réussit plus jamais à séduire la clientèle. Aujourd'hui, il est à l'abandon. (1) Le "diamant noir", la
tuber melanosporum, ou truffe noire du Périgord, la plus savoureuse, est la plus recherchée. La production était en 1900 évaluée en centaines de tonnes pour tout le Périgord. Mais elle a considérablement diminuée. Son déclin, entamé après la Grande Guerre, s’est accéléré dans les années 1950, en raison de la désertification des campagnes et du vieillissement des truffières.