Le fleuve Charente alimentait de son énergie hydraulique de nombreux moulins dans la traversée de la commune de Condac, du nord au sud :
le moulin de la Riche (cité sur Condac, mais porté sur le recensement de Bioussac, Sébastien Dumas, meunier en 1851)
le moulin de Grégueil
le moulin de Refousson
les moulins (bourg de Condac) futur Moulin Enchanté (lire page spécifique)
le moulin de Rejallant (vendu à la ville de Ruffec vers 1900 pour établir les machines du service d'eau)
le moulin de Montigné (y) fut abandonné vers 1865 (brèche dans la digue de retenue ; une laiterie s'y établit vers 1905 et disparut quinze ans après. (cité sur Condac mais porté sur le recensement de Barro, Jean Naffrichoux, 62 ans, meunier en 1851 ; Jean machet, 62 ans, meunier aussi en 1851)
Les moulins à moudre le blé, qui autrefois étaient si nombreux sur nos cours d'eau, même les plus modestes, sont. de plus en plus abandonnés depuis l'extension qu'ont prise les grandes minoteries.
La vieille chanson Meunier, tu dors... n'est plus de mode, car bien des moulins sont loin d'aller trop vite... beaucoup de ceux qui n'ont pu s'employer aux usages industriels ne tournent même plus du tout.
Quand les vieilles choses disparaissent il est bon de rappeler leur histoire. Les moulins à eau étaient en usage dès les temps mérovingiens.
Leur dénomination dans les chartes du Moyen-Age était molendinum ; on trouve aussi farinarium (moulin à farine).
Les moulins à eau servaient non seulement à faire de la farine et à broyer des graines oléagineuses, mais encore à écraser le tan, à fouler les draps, etc. Ils appartenaient généralement à des seigneurs, à des villes, à des villages et constituaient de véritables fiefs. Lorsqu'ils étaient isolés, ils présentaient quelques ouvrages défensifs les mettant à l'abri d'un coup de main.
Un moulin à vent système Berton pour mémoire.
Les moulins à vent ne vinrent que plus tard ; ils ne furent guère introduits en France que vers le commencement du XIIIe siècle, et ils ont ainsi à peu près disparu, au moins dans notre région. Pas de moulin à vent à Condac, semble-t-il.
Le moulin de la Riche est sur la Charente mais à Bioussac.
Le moulin de Greigueil
Au moulin de Greigueil, Pierre Bernard (46 ans) est meunier en 1846, puis en 1851 et 1861, avec 4 chasserons. (1885) Nous voici au moulin de Greigueuil, un des premiers de la contrée où fut opérée la transformation de l'outillage par l'emploi d'une turbine et de cylindres.
Deux béliers hydrauliques ont pour mission spéciale de faire monter l'eau à la ferme et au logis délicieusement situées dans une vaste crique, toujours verte, abritée des vents au nord, dont les hauteurs sont boisées jusqu'à la route de Ruffec.
Autour du logis se voient des arbres séculaires, pins géants et chênes à puissantes ramures qui font de l'habitation de la famille de Greigueuil, depuis 1753, une des plus calmes et des plus agréables. Ces vieux témoins des peines et des joies familiales redonnent chaque année un aspect nouveau à ce lieu enchanteur.
Puis quand l'eau de la Charente a payé son tribut à Greigueuil, longeant un coteau planté de buis aux senteurs fortes, elle va recommencer au moulin de Refousson, où fonctionnaient encore il y a quelques années de petites industries, en dehors la minoterie, qui seule a subsisté.
La filature était au programme... Nous l'avons retrouvé sous sa forme très ancienne !
Refousson, Jean Faudry, 34 ans, est meunier en 1846 puis en 1851, avec 4 garçons meuniers et 1 farinier. Jean Refrouin est poseur de meules. Louis Blanchard, 46 ans, est meunier en 1861.
En suivant, à gauche la grande exploitation agricole de la Vergnée et le logis, avec sa belle futaie.
A droite, la fontaine de Martreuil, qui doit son nom à la seigneurie dont il ne reste plus guère de traces. Ses eaux, parfois envahissantes l'hiver, forment un nouvel affluent de la Charente. Quelques centaines de mètres plus loin nous arrivons au pont de Condac, qui dessert la route départementale n° 7, de Confolens à Nielle (56 kil.) On ne peut mieux choisir pour faire une halte. (Voir page spécifique).
Laissons de côté le grand moulin de Condac qui mérite une page à lui seul.
De nouveaux outils au service des paysans
A la fin du XIXe les paysans n'apportaient plus de blé à moudre au moulin (ou très rarement) pour obtenir la farine qui servirait à faire leur pain. Ils échangent très souvent avec le boulanger une quantité de blé contre un nombre de pain (et reçoivent des tickets d'échange).
La farine pour les animaux est parfois confiée à faire au meunier (maïs, orge, blé, etc.) mais peu à peu grâce à la mécanisation, moteurs à essence puis électriques, les paysans s'équipent de concasseurs, broyeurs, petits moulins. Depuis longtemps ils ont acheté un tarare.
Tarare ou ventilateur manuel.
Tarare : machine servant à séparer le grain des poussières et des substances légères de la balle après le battage, et qui se compose d'une trémie distribuant les grains sur une grille oscillante où ils sont triés et nettoyés grâce à la soufflerie d'un ventilateur. Synon. vanneuse.
Mirebeau (86), 1830, un inventeur après coup, mais ils ont été nombreux à promouvoir le tarare pour tous à cette époque : un inventeur de tarare.
Les paysans se sont équipés pour préparer eux-même les aliments de leur bétail.
Le moulin de Rejallant
Le moulin de Rejallant possède une histoire peu banale : à suivre...
Jean Debord, 25 ans, est meunier (avec sa mère, veuve) en 1846, puis en 1851 et 1861.
Rejallant pompe à eau pour Ruffec Source : Henri Gendreau et Michel Regeon, un siècle de vie ruffécoise, tome 1, page 100.
"Pas de retard à Ruffec pour projeter une adduction d'eau «à tous les étages» dans la ville. Le manque d'eau était un réel souci. Il n'y avait qu'un seul puits au centre-ville, celui de la place, pour alimenter l'activité économique et la consommation familiale... Une pompe est prévue dès 1837 mais le débit est très insuffisant. Nouveaux devis, déboires et déficits. L'arrivée du chemin de fer PO en 1853 et l'alimentation en eau des locomotives à partir du Lien où a été installée une machine à vapeur pour entrainer des pompes donne des idées à Ruffec. Mais le coût exorbitant demandé à la ville par la compagnie du PO pour distribuer l'eau à Ruffec fait renoncer le conseil municipal à ce projet.
En 1865 il est question d'acheter le Moulin de Plaisance pour y installer un abattoir, un lavoir et une machine hydraulique qui élèverait l'eau en ville. Jean-François Cail, propriétaire de la ferme des Plans, veut établir à son usage une canalisation d'eau traversant la ville. Le conseil accepte en novembre 1868 sous réserve pour M. Cail de distribuer l'eau en ville. L'affaire en reste là, mais Cail réalise le captage et la conduite jusqu'à sa propriété. Ruffec a raté une étape...
L'eau et le gaz à tous les étages
13 août 1873, décision est prise par la ville de Ruffec de réaliser l'adduction d'eau elle-même. Et de faire distribuer le gaz pour l'éclairage.
1876 : projet d'établir un château d'eau, puis projet d'achat d'un terrain à Madanville pour y établir un réservoir. Etude par les Ponts et Chaussées de la possibilité de capter les sources de Rejallant. Le conseil décide le 24 juillet 1875 l'achat du moulin de Rejallant qui appartient à M. Roy demeurant à Mansle, Pierre Baudin et son épouse y demeurant.
Le moulin de Rejallant, auparavant moulin à tan, se présente ainsi : un bâtiment principal abritant l'habitation des meuniers, une grange, un four, un fournil, un toit à volailles et une cour qui permet d'atteindre le gué, des sources vives, des îles et prairies, le tout sur 1,30 ha. Il sera équipé d'une turbine.
Le 17 août 1875, promesse de vente d'un terrain pour l'usine à gaz (au Pontereau).
Le 29 juin 1879, l'usine à gaz est inaugurée
(au Pontereau, bord de la route de Civray, près de la Péruse).
Les travaux continuent pour l'eau. En 1880, le réservoir de stockage est construit sur le terrain le plus élevé de la commune à Notre-Dame des Vignes.
La ville de Ruffec possède donc l'eau courante à partir de 1880.
Mais en 1887, M. Lotte, le fermier de l'usine de Rejallant ne paie plus son loyer. De plus le débit de l'usine avec une seule turbine est insuffisant.
Le conseil décide d'ajouter une turbine ou d'installer une roue hydraulique (on va voir à Civray la même roue que celle proposée à Rejallant, roue en fer avec 48 aubes en bois de 1,20 m de large).
16 septembre 1889, fermage accordé pour 40 ans des usines eau et gaz à Clément Simon."
Durant dix ans : « tout baigne ».
A suivre
Puisqu'on parle de moulin, un exemple de finances publiques étonnantes, le moulin de Montbron avait été restauré remarquablement en 1997, il sera transformé en restaurant en 2012 :www.charentelibre.fr/moulin-de-la-discorde
Le moulin de Montigné
Le moulin de Montigné fut abandonné vers 1865 (brèche dans la digue de retenue ; une laiterie s'y établit vers 1905 et disparut quinze ans après.
Il est cité sur Condac mais porté sur le recensement de Barro, Jean Naffrichoux, 62 ans, meunier en 1851 ; Jean Machet, 62 ans, meunier aussi en 1851.