Le Petit Mairat
ou les chemins de fer économiques de la Charente

 

Le chemin de fer économique était surnommé le petit Mairat, du nom d'un élu charentais : Paul Mairat (1865-1924), conseiller général de Champagne-Mouton, qui avait œuvré pour sa construction.

Il faut savoir rendre hommage à Yves Le Diraison (1) qui a largement étudié - en long et en large - l'histoire des chemins de fer de la Charente et permis aujourd'hui à ceux qui s'intéressent au sujet de poursuivre à toute vapeur son oeuvre. Merci mille fois pour notre enrichissement historique.

(1) Bulletins et Mémoires, N. 3, 1984 – Société Archélogique et Historique de la Charente.


Le petit Mairat dit le tortillard

"En 1910, il est question de construire une ligne de chemin de fer économique reliant Angoulême à Confolens du sud au nord avec une gare à Jauldes, plus deux gares d'arrêt à la Mornière et Cherves.
Le petit Mairat du nom de son réalisateur M. Mairat député maire d'Angoulême était raillé pour sa lenteur, sa difficulté devant toute côte et ses arrêts intempestifs. Les voyageurs devaient descendre pour alléger une locomotive épuisée et la pousser ! Jauldes fut pourvu d'une seule gare au bourg ; les deux gares d'arrêts couvertes il y avait aussi un point d'arrêt à la Motte : sur un signe, le conducteur arrêtait sa machine. Le trajet Angoulême-Coulgens durait plus de deux heures.
Pendant la dernière guerre, le petit Mairat reprit du service ; il transporta des tonnes de nourriture pour les angoumoisins qui en avaient bien besoin. De nos jours, près du stade et de l'aire de loisirs des Bergères, il reste la plate-forme de la voie, celle-ci a été débroussaillée et engazonnée sur plusieurs kilomètres, jusqu'à l'entrée de Coulgens, et s'inscrit dans nos sentiers de randonnée.
"


Source : CDC La Braconne


Cette carte figure en noir toutes les lignes de chemin de fer de la Charente.
Cliquer ici pour agrandir la carte.
 
Les lignes sont déclarées d'utilité publique le 30 janvier 1893. C'est Adrien Paul Mairat, conseiller général de Champagne-Mouton à partir de 1894 qui a plaidé avec fougue la cause du chemin de fer d'intérêt local et rapporté inlassablement pendant 15 ans au nom de la Commission des travaux publics. Elu député en 1906, son nom reste attaché au réseau d'intérêt local, dénommé par les charentais "petit Mairat", ou "tortillard".


"C’est en 1894 qu’entre en lice l’homme dont le nom restera attaché au réseau d’intérêt local Adrien Paul Mairat. Conseiller général de Champagne-Mouton à partir de 1894, il plaide aussitôt avec fougue la cause du chemin de fer, et rapportera inlassablement pendant quinze ans au nom de la commission des travaux publics. Suprême consécration pour ce zélé défenseur des "tortillards", après son élection à la députation en 1906, c’est sous le nom familier de "Petit Mairat" que les charentais désigneront le réseau, laissant dans l’oubli les noms de Jeancard, directeur de la Compagnie des Chemins de fer Economiques des Charentes et de Draux, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.
Un nouveau plan est donc proposé par Mairat en août 1895. Il préfigure, en grande partie ce qui sera réalisé... 15 ans plus tard.

Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.


 
Après avoir rappelé en détail l’historique et les avatars du réseau d’intérêt local, le rapporteur expose sa manière de voir le problème: "Nous ne devons pas regretter, dit-il notamment, de nous être attardés. Ce ne sont pas ceux qui défrichent qui recueillent les premiers fruits. Mettons-nous à l'oeuvre en bénéficiant de l’expérience des autres. L’idée du réseau circulaire a donné de mauvais résultats là où on l’a mise en pratique, car il est nécessaire de converger vers des centres importants. Par ailleurs, on ne doit pas créer des tronçons isolés ou trop courts pour un embranchement de 4 km, les dépenses en matériel sont aussi élevées que pour 30 km, mais dans le premier cas le prix de revient kilométrique s’obtient en divisant la dépense par 4, dans le second par 30. Une longueur minima de 25 à 30 km par ligne paraît souhaitable".
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.


Après une étude de détail par l’ingénieur en chef, et examen par le Conseil Général réuni en session extraordinaire, un énième dossier est adressé au Ministre en 1896. En avril 1897, c’est un nouveau refus de l’autorité de tutelle motivé par l’importance des charges le Ministre s’en tient à ses 187 kilomètres!

Sur la consistance du réseau, Mairat constate que onze cantons sont laissés à l’écart, et que l’idéal serait de les desservir tous, mais il estime que cela n’est pas réaliste, car trop coûteux, et il propose deux réseaux, l’un ferme, l’autre éventuel. Sur les conditions de construction, il préconise la voie métrique déjà adoptée pour Rouillac et par les départements voisins. Toute autre solution compromettrait de possibles jonctions.

Pour l’exploitation on commencera sur la base de trois trains quotidiens dans chaque sens.

Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.


Le rapport s’achève bien évidemment (in cauda venenum) par les charges financières chiffrées à près de 12 millions de francs pour le réseau ferme et 4 millions pour le réseau éventuel, ce qui représente pour le Département une dépense annuelle de 284,000 FF. Pour y faire face, il faut voter une imposition de 8.5 centimes.
A la session suivante du Conseil Général, une motion Déroulède, combattue par Mairat, est votée à une faible majorité : c’est un nouvel "enterrement" des tramways."
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.




La compagnie des Chemins de fer économiques des Charentes (CFEC) a réalisé un réseau de chemin de fer secondaire constitué de lignes à voie métrique dans les départements de Charente et Charente-Maritime. Les constructeurs du réseau sont M. Jeancard, directeur de la "Compagnie des chemins de fer économiques des Charentes" et M. Draux, ingénieur en chef de Ponts-et-Chaussées. Le centre du réseau était situé à Saintes.


"En août 1903 l’ensemble du réseau est finalement confié à Jeancard, et en janvier 1904, une session extraordinaire (encore une !) arrête dans les détails la consistance des lignes. On a fignolé au mètre près pour aboutir au tableau suivant Angoulême à Barbezieux (par Blanzac)
  • Barbezieux à Chalais
  • Angoulême à Confolens (par Saint-Angeau)
  • Saint-Angeau à Segonzac
  • Angoulême à Roumazières
  • Archiac à Cognac (par Segonzac)
  • Blanzac à Villebois-Lavalette
soit au total 343 kilomètres 133 mètres."
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.


"Les enquêtes parcellaires sont menées rondement et en 1908 les acquisitions de terrains sont achevées dans une forte proportion.
En avril 1909 l’état d’avancement des terrassements varie de 85 à 55 % pour les 4 lignes d’Archiac à Cognac, Barbezieux à Chalais, Angoulême à Barbezieux et Blanzac à Villebois-Lavalette.
Pour les autres, les travaux ne font que commencer.
..
Le 31 mai [1910] a lieu la reconnaissance des sections Archiac-Cognac, Barbezieux-Blanzac et Barbezieux-Chalais, et le 15 juin 1910, sans cérémonie, ces trois premières sections sont ouvertes au service "voyageurs", le service "marchandises" ne fonctionnant qu’à partir du 1er septembre.
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.


Les travaux se poursuivent sans relâche sur le reste du réseau et la livraison du matériel roulant progresse régulièrement en septembre, 22 locomotives (sur les 40 prévues) sont arrivées. La section Archiac-Barbezieux du tramway de Pons, jusqu’alors exploitée par la Charente-Inférieure, est rattachée au réseau de la Charente, formant ainsi une seule ligne de Cognac à Barbezieux.

En 1911, les ouvertures se succèdent :
  • Angoulême (rue de Paris) à Blanzac le 1er février,
  • Rouillac à Segonzac le 16 mars,
  • Blanzac à Villebois-Lavalette, le 1er juin,
  • Rouillac à Luxé le 1er Juillet, et Luxé à Saint-Angeau le 1er octobre.
Outre la dernière section urbaine d’Angoulême-Blanzac, retardée par la construction de l’ouvrage en béton au-dessus des voies de l’Etat, les deux lignes non encore ouvertes d’Angoulême à Roumazières et à Confolens ont subi des aléas, notamment l’examen d’importantes variantes qui provoquent, dit-on, les "gémissements" de M. Jeancard.
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.

  • Angoulême-Montbron fonctionne à partir du 1er mars 1912.
  • Puis c’est le tour de la section d’Angoulême-Echange à Angoulême rue de Paris le 15 mai,
  • en même temps que Saint-Angeau à Angoulême.
  • Le 1er septembre les trains roulent entre Saint-Agneau et Champagne-Mouton et...
  • ...le 1er novembre entre Montbron et Roumazières.
A la fin de 1912, il ne reste plus à ouvrir que Champagne-Mouton à Confolens. Ce sera chose faite le 1er juillet 1913".
Source : Les chemins de fer en Charente par Henry Le Diraison.
 

Dès 1911 ce train à vapeur sillonne la Charente et la Charente-Inférieure...

Dès 1922 sera envisagé l’emploi d’automotrices pour le service voyageurs, ce sera fait en 1927 mais sans le succès escompté.


 

Les C.F.D seront autorisés en 1932 à remplacer certains trains par des autobus, puis devant les résultats peu encourageants, mettent en service des automotrices à essence (on ne disait pas encore "autorails") sur la ligne de Rouillac.
La guerre modifie la décision de fermeture programmée de 1939 à 1941. Finalement la mort de ce chemin de fer est signée le 13 janvier 1949.



Réemploi du matériel
Les matériels fixes rails, traverses, terrains sont mis en vente sur place, les matériels roulants sont expédiés à Madagascar.



Les lignes
Angoulême-Barbezieux par l'Escalier, la Couronne, Roullet, Claix, Plassac, Champagne-Mainfonds, Blanzac, Pereuil, Barbezieux et Chalais. Le trajet est de 80 km, l'ouverture en 1910-1912, la fermeture 1939 -1948.
 

 

Angoulême-Roumazières par l'Isle d'Espagnac, Magnac sur Touvre, Mornac, Le Queroy Pransac, Pransac, Saint Sornin, Montbron, Rouzède, Mazerolles le Lindois, Montemboeuf, Cherves Chatelars, Mazières, Suris-Lapéruse, Roumazières. Trajet de 67 km, ouverture 1912, fermeture 1946.
 


Angoulême-Confolens par Le Pontouvre, Champniers, Brie, Verrières, Jauldes, Coulgens, Saint-Angeau, Cellefrouin, Beaulieu sur Sonnette, Chasssiecq-Turgon, Champagne-Mouton (1913-1946), Benest, Alloue, Confolens. Trajet de 84 km, ouverture 1913, fermeture 1946.
 

 
"La gare de Champagne-Mouton, construite dans les premières années du 20e siècle, se situait au croisement de deux lignes de chemin de fer de 1913 à 1949. La première ligne reliait Ruffec à Roumazières, elle est achevée en 1911.
La gare a été transformée en scierie.
"


Angoulême-Matha par Fléac, Saint Saturnin, Hiersac, La Courtille, Saint-Cybardeaux, Rouillac, Sonneville, Macqueville, Siecq, Matha.
 

Saint-Angeau-Segonzac par Saint-Ciers, Puyréaux, Mansle, Luxé, Fouqueure, Villejésus, Aigre, Marcillac-Lanville, Gourville, Rouillac, Plaizac, Sigogne, Jarnac-Ville, Jarnac-Echange, Gondeville-Marancheville, Segonzac. Trajet de 70 km, ouverture 1911, fermeture 1939.

Cliquer ici pour revoir la carte.

Les horaires de l'été 1913
Indicateur PG du 10 octobre 1913 (Midi, Orléans, Etat, Economiques et Départementaux)




Jouons : Sur quelle ligne était implantée cette gare ?


MUSEE DE LA GARE A GOURVILLE
 
"Gourville a une histoire avec le petit Mairat. Les souvenirs sont transmis de génération en génération. L'ancienne gare réhabilitée en musée est un exemple de souvenirs. La locomotive 1900 qui desservait la ligne Saint Angeau - Segonzac trône à côté d'une collection nouvelle de costumes et d'accessoires divers."

Dans une ancienne gare de 1911 réhabilitée, embarquez dans une locomotive pour un voyage à travers l'histoire du Petit Mairat...
 
Ce musée se visite sur réservation.
  • Tél. : 05.45.21.53.93 ou 05.45.21.73.15 ou 05.45.21.04.31.









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Le train à vapeur intéresse nombre de passionnés. Ci-dessous, ce livre et l'histoire du petit Mairat ont relancé l'histoire.

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