Aperçu historique de Condac

"Ce territoire, proche de Ruffec, possède un riche passé. Il possédait plusieurs fiefs et terres nobles : d'importantes familles y vécurent" a écrit J.-C. Vrillac.


Entrée est de Condac, pays en terre de chèvres, pont (1715) sur la Charente.

Le vieux pont datait de 1715, année de la mort de Louis XIV. Il était chargé de souvenirs, et les Condacois l'ont vu disparaître en 1986 avec beaucoup d'émotion, mais il fallait bien tenir compte des exigences de la circulation routière actuelle. Il a été remplacé par un pont moderne, soutenu par une unique pile dont l'esthétique s'accorde bien avec le paysage environnant.

Un souvenir historique se rattache à la Charente : au mois de mars 1442, le roi Charles VII se trouvait à Ruffec, en compagnie du dauphin, le futur Louis XI, alors âgé de dix-neuf ans. Le jour du Vendredi Saint, le roi et son fils se promenaient en bateau à Condac lorsque leur embarcation, entraînée par la violence du courant, vint chavirer sur l'écluse d'un moulin. Le roi et sa suite faillirent se noyer. (Pas certain que cela se soit passé à Condac :certains pensent à Aiguependantes)

La maison la plus ancienne de la commune a été construite en 1655 et les promeneurs peuvent encore contempler sa tour carrée. Sur la route de Confolens se situe un lieu-dit «Les Champs Jacquet» nommés ainsi parce que la commune les utilisait pour le repos des pèlerins de St-Jacques de Compostelle appelés des «Jacquets ».

Jusqu'en 1917, la ferme de Bac-de-Grolle était une louveterie, où logeaient les équipages pour la chasse aux loups. Elle possède les trois éléments essentiels à cette activité :

  • 1° Une cour complètement fermée qui isolait des loups les meutes de chiens.
  • 2°) Une mare intérieure avec un plan incliné où l'on faisait baigner les pieds des chiens après les chasses à courre, qui étaient fréquentes, car la région était infestée de loups.
  • 3°) Un pigeonnier incorporé au bâtiment.

En 1897, il y avait encore à Bec-de-Grolle une meute d'une quarantaine de chiens, avec un piqueur. La commune participait aux chasses à courre dans la forêt de Ruffec et dans le Confolentais. C'est en 1917 que le dernier loup a été aperçu à la porte du jardin de la louveterie.

Le Condac d'aujourd'hui n'est plus tout à fait le même. Si d'anciennes maisons ont été inoccupées ces dernières années dans le centre bourg, des travaux de rénovation sont en cours, et le village s'anime à nouveau. De très belles maisons neuves se sont construites à Madanville. Puis les coteaux des Petits-Bois, de Martreuil, les hameaux de Vol-Perdrix et de la Gétière, ont, à leur tour, apporté une population nouvelle à la commune. La vie est douce à Condac et l'amitié y règne. Beaucoup de natifs en ont été éloignés par leur travail et sont revenus y vivre une retraite paisible.


C'était raconté le 11 juin 1911 (L'observateur de Ruffec)

Le long de la Charente...
La commune de Condac, d'une étendue de 958 hectares et d'une population de près de 400 habitants, est traversée du nord au sud, de Greigueil aux Ballons, par la Charente, qui serpente au milieu de vastes prairies, entre deux lignes de coteaux parfois très éloignées dont les sommets permettent de découvrir des horizons plus ou moins étendus, mais toujours agréables à l'oeil, en raison de la fertilité du pays.
Le chef-lieu, à deux kilomètres de Ruffec, a une origine fort ancienne. Dans son ouvrage sur Ruffec et les environs, M. A. Favraud dit qu'une viguerie (poste de magistrat chargé d'administrer la justice au nom des comtes ou du roi dans certaines provinces) y existait dès 987.

Si l'on en juge par des découvertes faites en 1886, Condac a dû avoir jadis une importance que justifiait sa situation topographique au bord du fleuve et au pied d'un coteau vivifié par le soleil levant. En effet, en élargissant un chemin vicinal qui, de la route départementale passe devant l'entrée des grands moulins, traverse le ruisseau du Lien à Moulin-Neuf pour rejoindre la route de Ruffec à Verteuil, on mit à découvert un ancien cimetière renfermant des sépultures gallo-romaines examinées avec soin par nos archéologues charentais qui recueillirent des poteries, des armes et des menus objets. En bâtissant une grange dans le terrain appartenant à M. Baron, les ouvriers ont trouvé trois fours contigus, en briques, de 1m 50 de diamètre, avec des ouvertures sur le même côté. Le sol était jonché de cendres et auprès se trouvaient de grandes urnes, hautes de 60 centimètres et des débris de poteries rouges. Dans la cour d'une ferme avoisinant l'église on peut voir encore des cercueils en pierre qui servent pour faire abreuver les bestiaux et d'après une note de Mlle Baron, qui fut longtemps institutrice à Condac, on a trouvé jadis, près du vieux château que les moulins ont remplacé, un moule à monnaie de 25 cent. de long et portant cinq cavités avec légendes illisibles : Sans nul doute on trouverait encore à Condac des choses intéressantes, car, il y a quelques semaines à peine, un habitant de la commune, voulant faire établir un pilastre de barrière, mit encore à découvert des tombes fort anciennes. Du château de Condac, puisque Château il y a en, il ne reste plus trace, ni dans les archives, ni sur les lieux. Les grands moulins de Condac, dit-on, l'ont remplacé. Pendant longtemps ils eurent une réelle importance, mais tout passe... Les moulins à moudre le blé, qui autrefois étaient si nombreux sur nos cours d'eau, méme les plus modestes, sont de plus en plus abandonnés depuis l'extension qu'ont prise les grandes minoteries. La vieille chanson « Meunier, tu dors »... n'est plus de mode, car bien des moulins sont loin d'aller trop vite... Beaucoup de ceux qui n'ont pu s'employer aux usages industriels ne tournent même plus du tout.
Quand les vieilles choses disparaissent il est bon de rappeler leur histoire. Les moulins à eau étaient en usage dès les temps mérovingiens. Leur dénomination dans les chartes du Moyen-Age était molendinum ; on trouve aussi farinarium (moulin à farine). Les moulins à eau servaient non seule-ment à faire de la farine et à broyer des graines oléagineuses, mais encore à écraser le tan, à fouler les draps, etc. Ils appartenaient généralement à des seigneurs, à des villes, à des villages et constituaient de véritables fiefs. Lorsqu'ils étaient isolés, ils présentaient quelques ouvrages défensifs les mettant à l'abri d'un coup de main.
Les moulins à vent ne vinrent que plus tard ; ils ne furent guère introduits en France que vers le commencement du XIIIe siècle et ils ont ainsi à peu près disparu, au moins dans notre région.
Mais revenons aux moulins de Condac. Composés de trois corps de bâtiments, ils présentent cet avantage appréciable pour le chroniqueur de porter en chiffres énormes le millésime de l'année de leur construction. Ces chiffres, en fer, doivent être la tète de tirants dissimulés dans les planchers du second étage pour empêcher l'écartement des murs, mesure de prudence qui avait sa raison d'être par suite des charges que représentaient les approvisionnements de blés qu'on pouvait réunir dans les immenses greniers. Un solivage spécial, qui n'est pas le côté le moins curieux de la construction, répondait à ce besoin. D'après M. Favraud, les bois employés provenaient de l'abbaye de Nanteuil, qui fut ruinée à celle époque. Les moulins de Condac furent construits par le comte de Broglie, alors seigneur de Ruffec, sur le type de ceux de Corbeil. Le premier corps de bâtiments, établi le long de la Charente, porte la date de 177I. C'est là que se trouvaient presque tous les appareils de mouture, commandés par une grande roue qu'actionnaient les eaux du fleuve. Tout cela n'a disparu que depuis deux ans, lorsqu'une société parisienne, dite Compagnie française des Produits lactés, fondée le 21 janvier 1909 pour une durée de trente ans, au capital de un million 250,000 fr., devenue propriétaire du moulin, a commencé ses travaux d'installation. MM. Lamouroux et Meunier, fondateurs, déjà propriétaires d'une société en nom collectif dont le siège était à Paris, rue de Wattignies, 84, devaient apporter à la nouvelle Société leurs établissements industriels, la clientèle et l'achalandage, la propriété des brevets d'invention, etc.

Une fouille en sous oeuvre, pour l'installation d'une turbine, a permis d'apprécier la solidité de la construction du moulin de Condac, faite avec des matériaux de premier choix et qui, après 200 ans de contact incessant avec l'eau, ne montre ni usure ni fissure. Un second bâtiment, le plus long, en retour d'équerre sur le premier, date de 1777. Du côté le plus proche de la Charente, il était traversé par un second coursier qui actionnait une autre roue. Le reste du bâtiment était occupé : au rez-de chaussée par les écuries et servitudes diverses; aux premier et deuxième étages par les salles de manutention et les magasins. On ne sait si le développement pris par les moulins de Condac nécessitait la construction d'une autre aile ou si ce fut tout simplement l'achèvement d'un plan d'ensemble, toujours est-il qu'en 1785 fut édifié à l'ouest un troisième bâtiment attenant au second, et faisant face au premier, limitant une vaste cour qui devait suffire à tous les besoins, si grands fussent-ils, à une époque où la plupart des transports se faisaient à dos de mulets, en raison du mauvais état des chemins. Et les moulins de Condac n'étaient pas des plus favorisés de ce côté. Dans ses Petites notes d'archéologie charentaise, M. Chauvet a relaté quelques détails empruntés au compte que rendit à la Nation Jean-Baptiste Thorel, au sujet « de la recette et de la dépense qu'il a faites de la terre de Ruffec depuis le 1er janvier 1783 au 1er octobre 1792 ».
Le 8 novembre 1783 il fut payé 2,000 livres au subdélégué de l'intendance de Limoges pour être employées au chemin de Ruffec à Condac, qui fut fait par atelier de charité. En raison de la seule porte d'entrée des moulins de Condac, qui se trouve à l'angle intérieur formé par les deuxième et troisième corps de bâtiments, tout porte à croire que ce chemin fut celui qui oblique à droite à la ferme de Fontbaillant, gagne le plateau sur lequel se trouvait le dolmen de Pierre-Levée, détruit il y a une quarantaine d'années, et, après avoir longé le mur sud de notre cimetière, arrivait à Ruffec par le Pontereau, qui était alors une des grandes artères de la ville.
Dans le rapport Thorel étaient consignés une multitude de renseignements précis qu'il est bon de noter en passant, sur la valeur des choses et des journées de travail. Ainsi une corde de bois valait 6 livres, une meule de moulin 210 livres, neuf brasses de planches de peupliers 95 livres, 23 livres de cordes avaient coûté 13 livres 6 sols, etc., etc. La conduite de 3 milliers de farines, du moulin de Combe à Angoulême, avait occasionné une dépense de 13 livres 10 sols. Une première société administra les moulins de Condac dès leur origine, sans doute, car une seconde débuta le 10 novembre 1784, avec des actions de 3.000 livres : elle possédait des magasins à Angoulême. La part de bénéfices résultant de la portion afférente à M. de Broglie était de 30,356 livres 13 sols pour la période du 10 novembre 1784 au 10 novembre 1791, époque où fut ouverte la succession de Broglie. Ladite succession reçut en outre, pour compte final, au 13 septembre 1792, la somme de 29,155 livres 7 sols.
L'affaire était prospère, comme on voit. Les renseignements font défaut sur le rôle que jouèrent les moulins de Combe pondant la Révolution, mais certainement ils furent utilisés, comme les Forges de pendant longtemps ils continuèrent à être une les plus importantes minoteries du pays, entre les mains de divers propriétaires dont les derniers furent les Lacour.
Depuis 1909, les vastes immeubles des moulins de Condac ont été acquis par la Société française des produits lactés, qui devait y traiter le lait, le beurre et s'occuper de la fabrication de divers sous-produits. Les espérances qu'on semblait fonder sur l'importance de cette transformation ne semblent pas devoir se réaliser. On y traite la caséine. Par acte en date du 20 avril 1911, ladite société vient de réduire son capital à 416.000 fr, et de transférer son siège rue Jouffroy, 2, à Paris.
Ne quittons pas Condac sans signaler une communication faite à la Société archéologique le 13 janvier 1909 disant que le roi Louis XI, n'étant encore que dauphin, accompagna son père Charles VII dans les voyages qu'il fit en Poitou, Limousin, Angoumois et Saintonge pour y détruire ce qui restait des bandes « d'écorcheurs » et que le jour du Vendredi Saint de l'année 1442, le prince faisant, une partie de bateau avec deux gentilshommes, fut entraîné par le courant, près d'un moulin, et la barque ayant chaviré, faillit se noyer. Tout porte à croire que c'était à Condac, où l'on a vu bien d'autres accidents depuis !

 


Quand Charles VII faillit se noyer à Condac : l'histoire complétée...


http://www.behuard.mairie49.fr/index.php?page=article&typer=3&menu=2
La révolution arrive...

Procès-verbal d’assemblée de la paroisse de Condac

Réunion le 9 mars, au-devant de la porte de l’église paroissiale. Président : Claude Larsier, notaire de la ville et marquisat de Ruffec, faisant fonctions de juge en cette partie, assisté du sieur Bony, greffier d’office assermenté. Comparants : les sieurs François Chabot et Lambert David Dutillet, bourgeois, André Suire, Laurent-Joseph Douet, Jean Rousseau, Pierre Ploquin, Jacques Joussaume, André Fombelle, Pierre Bouillon, François Favre, Jean Dechambes, François Bernard, Jean Laborde, Jean Muniot, Jean Mongeau, Jean Raimpau, Jean Jousselain, Jean Martin, Pierre Martin, Jean Rocher, Jean Rolland, François Mittaud, Simon Chartran, Jean et Pierre Suire, Nicolas Bertrand, Vndré Massiot et Pierre Sicot. La paroisse compte 60 feux(1)
2 députés : François Chabot et Lambert David Dutillet. — 9 signatures. Les autres comparants ne savent signer.

Cahier des doléances des habitants du bourg et paroisse de Condac

Se plaignent lesdits habitants qu’ils ne sont accablés d’impositions que parce que les ministres, et l’autorité des intendants ont ci-devant établi le système injuste et meurtrier de la taille tariffée, où la Noblesse et le Clergé, sous prétexte de différents privilèges, le plus souvent même usurpés, possèdent les plus grands biens sans presque rien payer, pendant que le malheureux cultivateur, réduit à la plus médiocre fortune, paye presque tout, et encore parce que les ministres et leurs agents, tant dans l’administration que dans la finance, sans aucun respect pour eux-mêmes ni pour les sujets du Roi, sans égard aux lois du royaume qui veulent que les Français ne puissent être taxés que de leur consentement, ont insensiblement écarté et renversé tous les obstacles et augmenté jusqu’à l’excès, par l’effet de leur seule volonté, la charge du peuple, dont ils ont dissipé le produit ; que pour s’assurer à l’avenir la jouissance de leurs biens, ils veulent et entendent :
- Art. 1er. Qu’aucune partie de leurs propriétés ne puisse leur être enlevée par des impôts, s’ils n’ont été préalablement consentis par les États généraux du royaume composés, ainsi que le veulent la raison et la loi, des députés librement élus par tous les cantons, sans aucune exception, et chargés de leurs pouvoirs ;
- Art. 2. Que, suivant les intentions du Roi manifestées dans le résultat de son Conseil du 27 décembre 1788, les ministres soient à l’avenir responsables de l’emploi de toutes les sommes levées sur le peuple ;
- Art 3. Qu’attendu que les impôts non consentis n’ont été payés jusqu’ici que par la crainte des emprisonnements arbitraires ou de quelques coups d’autorité qui ont arrêté toutes les réclamations, lesdits habitants veulent et entendent que personne ne puisse être arrêté ni emprisonné, pour aucun motif, qu’en vertu des lois du royaume. Seront tenus lesdits députés de faire insérer la déclaration des volontés desdits habitants dans le cahier du bailliage d’Angoulême, et chargent spécialement lesdits habitants ceux qui seront élus par l’assemblée dudit bailliage d’Angoulême de la faire valoir aux Etats généraux, et de ne consentir à la levée ou prorogation d’aucun subside, avant que ladite déclaration ait été adoptée par eux et solennellement proclamée ; leur donnent néanmoins pouvoir, sous la condition ci-dessus, et non autrement, de consentir à l’établissement ou prorogation des subsides que les États généraux jugeront indispensablement nécessaires aux besoins de l’État, toutes dépenses inutiles préalablement retranchées, pourvu toutefois que les impôts qui distinguent les Ordres, tels que la taille et les francs-fiefs, soient préalablement supprimés et remplacés par des subsides loyalement répartis entre tous les citoyens, sans distinctions ni privilèges, à raison seulement de leurs propriétés.
- Art. 4. Représentent lesdits habitants que l’impôt territorial perçu en nature leur parait devoir être préféré à tous les autres, parce que, telle que soit la récolte, l’impôt est toujours proportionné au produit.
- Art. 5. Représentent aussi lesdits habitants, que pour suppléer à la différence du produit qui se trouvera entre celui des impôts supprimés et celui de l’impôt territorial, il leur paraît convenable d’établir l’impôt du timbre, imposition qui ne portera pas plus de préjudice au commerce de la France qu’elle n’en a porté à celui de l’Angleterre ; et des impositions sur tous les objets de luxe, tels que les domestiques, les chevaux, les voitures, les maisons de campagne, autres que ceux nécessaires à l’exploitation des fonds.
Qu’il soit fait différentes classes des négociants, procureurs, notaires, marchands, commis, artisans et généralement tous ceux qui exercent des états, emplois et professions autres que l’agriculture, et de les imposer chacun à raison du produit qu’ils tirent desdits états, emplois et professions, et dans la même proportion que l’impôt territorial.
- Art. 6. Représentent lesdits habitants que les contrôleurs, les ambulants, les directeurs et les régisseurs des droits de contrôle et du centième denier s’enrichissent en raison des vexations qu’ils exercent. L’arbitraire dans les perceptions de ces droits est monté à un point intolérable. Sans principe fixe, n’ayant d’autres règles que des arrêts du Conseil qu’ils obtiennent au besoin sur requête, ils ne se réunissent que dans un seul point, celui de pressurer le peuple, à la faveur des interprétations les plus absurdes. Un seul fait entre mille suffira pour caractériser l’esprit de cette régie. Elle a donné ordre à ses commis de violer le secret des dispositions testamentaires, de forcer les notaires de leur remettre les testaments des personnes encore vivantes, et cet ordre, qui porte le trouble et la dissolution dans les familles, cet ordre s’exécute aujourd’hui avec tout l’acharnement possible. On désirerait que ces contrôles et droits y annexés fussent perçus suivant leur premier établissement, de la sagesse duquel on ne peut que se louer, faisant la sûreté des familles et donnant autorité aux actes. Veulent lesdits habitants qu’il soit fait un nouveau tarif de ces droits si clair que le particulier sache ce qu’il doit payer, le contrôleur ce qu’il doit recevoir, qu’il ne donne aucune prise aux interprétations arbitraires, et que les contrôleurs n’aient aucune remise sur les perceptions qu’ils auraient faites.
- Art. 7. Que le commerce soit absolument libre dans l’intérieur du royaume et que les traites soient renvoyées sur les frontières ;
- Art. 8. Que les nobles ne puissent exempter aucun de leurs domestiques du tirage de la milice, à moins que ce ne soit leur valet de chambre ne faisant d’autre ouvrage que celui de leurs personnes.
- Art. 9. Que la justice civile et criminelle soit réformée, et surtout l’abus qui règne dans la manière de distribuer les deniers mis aux consignations ;
- Art. 10. Que la province d’Angoumois forme un État provincial, et le forme à elle seule, parce que, si elle était annexée à une autre province, comme elle n’aurait alors dans les assemblées qu’une influence relative à son étendue, ou les objets qui l’intéressent seraient négligés absolument, ou l’on ne s’en occuperait que lorsque on n’aurait plus rien à faire dans la province principale ; que le Tiers état aura dans les assemblées de cet État provincial autant de représentants que les deux autres Ordres réunis ; que ces représentants seront toujours de son Ordre.
- Art. 11. L’impôt territorial étant susceptible de régie ou affermé, le fermier ou régisseur compteront directement au Trésor royal ; par ce moyen les intendants, les élections, les receveurs des tailles sont inutiles et doivent être supprimés, étant une très grande charge pour l’État.
- Art. 12. Représentent aux États généraux que, comme il a plu à Sa Majesté de supprimer les Bénédictins exempts de l’abbaye de Nanteuil-en-Vallée et d’en appliquer les revenus au séminaire de Saint-Charles de Poitiers, qui est par là chargé de dix places gratuites pour les sujets du marquisat de Ruffec, qu’ils n’ont jamais voulu remplir, qu’il lui plaise en ordonner la restitution des revenus depuis la réunion de ladite abbaye et du fonds d’icelle, pour être appliqués pour les besoins convenables, comme pour professeurs de langue latine, mathématiques et autres parties de l’instruction, et augmentation de l’hôpital dudit Ruffec, qui est très pauvre, néanmoins très utile, vu le passage des troupes et son éloignement de tous autres hôpitaux.
- Art. 13. Demandent les habitants que les prairies susceptibles de revivres soient gardées, et défenses faites à toutes personnes d’y mener aucuns bestiaux avant la récolte desdits revivres.
- Art. 14. Représentent lesdits habitants, que, eu égard aux besoins urgents de finances, on trouverait des sommes immenses en prenant les revenus portés par le pouillé des archevêchés, évêchés, abbayes royales, prieurés royaux, abbayes d’hommes et de femmes, ne faisant tout au plus que le tiers de leurs revenus ; le surplus est plus que suffisant pour représenter dans les places qu’ils occupent ; et qu’il serait intéressant pour l’État, même pour la religion, que toutes ces places fussent données au concours et [à] l’élection ; et supprimer en entier les économats comme très à charge à l’État.
Fait et arrêté le présent cahier de doléances et représentations par nous habitants de la paroisse de Condac, le 9 mars 1789. 9 signatures, celles du procès-verbal.




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