Les foires de Raix
«Raix au sud sud-est et à 2 km 729 mètres de Villefagnan, 418 habitants. Le sol de cette commune est très bon, et produit beaucoup de grains et de vin de bonne qualité. On y compte 110 maisons, 700 hectares de terre cultivée (chiffre erroné car correspond à la surface totale de la commune), 2 de terres incultes, et 5 hameaux qui sont La Groge, la Roussellerie, La Gilloterie, la Rigauderie et Font-Guiaud».
«
Raix est réunie à Courcôme pour le culte. Son chef-lieu, d’un assez joli aspect, bâti sur une hauteur et sur le chemin de Sauvagnac à Villefagnan, a des
foires en grande réputation. Superficie 686,74 hectares ; 480 habitants ; foires le 17 de chaque mois ».
Authentique : mon grand-père, Jules B., émigré aux Gours en 1921, avait reçu le judicieux conseil de venir acheter une jument à la « si célèbre » foire de Raix, un 17 de janvier. Les tractations faites, imitant l’habitude de chacun, il se rendit au « café » afin de se restaurer. C’est alors qu’à peine attablé, un voisin vint en toute hâte le prévenir que l’on venait de voler sa jument. D’un bond, il fut sur la rue et sautant sur un vélo appuyé au mur, se lança à la poursuite du malfaisant. Il put rattraper ce dernier au carrefour de Magné, sur la route de Courcôme. Le voleur réussit à s’enfuir vers les bois en laissant sur place la jument. Raix, alors célèbre aux yeux des clients et marchands, exacerbait la cupidité des voleurs de chevaux.
L’origine des foires
Le 10 mars 1776, le Roi déclarait interdit l’inhumation des corps dans les églises et ordonnait le transfert des cimetières à l’extérieur des bourgs et villages : la distance minimum sera fixée à cinquante toises.
Mais Raix, comme toujours, est en avance sur son temps, le nouveau cimetière, encore actuellement utilisé, avait déjà été béni par le curé Jean-Louis Decault en présence du seigneur Louis le Musnier le jeudi 23 avril 1767.
«Le 23 avril 1767 de la semaine de Pasques, le nouveau cimetière de cette paroisse a été béni par moy Jean Louis Decault, prestre chappelain et curé dicelles par ordre de monseigneur illustrissime et révérendissime Martial Louis de Beaupoil de Saint Aulaire, évêque de Poitiers, à laquelle bénédiction ont assisté plusieurs personnes et notamment Mesire Louis Le Musnier, Lieutenant Général d’Angoumois, seigneur de ladite Paroisse, Rouffignat, Triat et autres lieux et ont soussignés habitans de laditte paroisse, J. Vallière, Dumergue, Laffon, Bernardin, Marchand et Jean Louis Decault.»
Après le transfert du cimetière vers l’extérieur du Bourg, Louis le Musnier avait demandé et obtenu en mai 1767 des lettres patentes de Louis XV pour organiser des foires à Raix le 17 de chaque mois. Ce seigneur, sachant prévoir et calculer, sut rapidement transformer l’ancien cimetière en champ de foire et donner à Raix les moyens de s'épanouir. La première personne inhumée dans le nouveau cimetière était un enfant de trois ans et demi, Jean Mémain, fils de Pierre Mémain et Anne Bernardin.
La mare au sud du château.
Plusieurs étapes furent franchies avant d'établir ces fameuses foires.
Extrait des registres du Parlement : «Vu par la Cour les lettres patentes du Roi, données à Marly le 27 mai 1767, signées Louis, et plus bas : Par le Roi, PHELIPPEAUX, et scellées du grand sceau de cire jaune, obtenues par Louis Le Musnier, sieur de Raix, lieutenant général en la Sénéchaussée d’Angoulême ; par lesquelles, pour les causes y contenues, le seigneur Roi a permis à l’impétrant d’établir sur sa terre et seigneurie de Raix
douze foires par an, pour y être
tenues le 17 de chaque mois ; veut en conséquence ledit seigneur Roi que tous les marchands et autres particuliers puissent aller et venir dans lesdites pour y porter ou conduire, vendre et acheter, troquer et débiter toutes sortes de bestiaux, denrées et marchandises permises et non prohibées, à condition qu’à quatre lieues à la ronde il n’y ait auxdits jours autres foires et marchés, et
qu’au cas que lesdits jours de foire échoient aux jours de dimanches ou de fêtes solennelles, elles seront remises au lendemain (d’où les foires du 18), etc. ainsi qu’il en est plus au long contenu èsdites lettres-patentes à la Cour adressantes ; vu ensemble la requête présentée à la Cour par le dit impétrant à la fin d’enregistrement desdites lettres patentes, l’arrêt rendu sur les conclusions du procureur général du Roi, poursuite et diligence de son substitut en la Sénéchaussée d’Angoulême et pardevant le lieutenant particulier, et encas d’absence ou autre légitime empêchement pardevant plus ancien officier du siège suivant l’ordre du tableau, il seroit informé de la commodité ou incommodité que peut apporter l’établissement de douze foires par an au bourg de Raix, pour y être tenues le 17 de chaque mois, et si à quatre lieues à la ronde il n’y a point d’autres foires aux mêmes jours auxquelles elles puissent nuire et préjudicier ; comme aussi ordonne que les lettres patentes du 27 mai 1767 seroient communiquées aux officiers et au substitut du procureur général du Roi, exerçant la police audit lieu, pour donner leur avis sur ledit établissement, et que lesdites lettres-patentes seroient pareillement communiquées aux syndics et habitans dudit bourg de Raix, convoqués et assemblés en la manière accoutumée, pour donner leur consentement à l’enregistrement et exécution desdites lettres-patentes, ou y dire autrement ce qu’ils aviseroient ; ordonne en outre que l’impétrant seroit tenu de rapporter à la Cour un état ou tarif de lui signé et par lui certifié véritable des droits qu’il entend recevoir à son profit sur les denrées et marchandises qui lui seront apportées, vendues ou débitées èsdites foires, pour le tout fait, rapporté et communiqué au procureur général du Roi, être par lui pris telles conclusions et par la Cour ordonné ce qu’il appartiendroit. L’information faite d’office à la requête du Roi, en exécution dudit arrêt, les 18 juillet, 3 et 7 août 1767, par le lieutenant particulier en ladite Sénéchaussée d’Angoulême ; poursuite et diligence du substitut du procureur général du roi audit siège, composée de treize témoins qui ont tous unanimement déposé que l’établissement de douze foires par an au bourg de Raix, pour y être tenues le 17 de chaque mois, ne peut être que très avantageux au canton ; qu’il n’y a point à 4 lieues à la ronde d’autres foires le même jour ; que ledit lieu de Raix est voisin et environné de plusieurs autres gros bourg dans lesquels il n’y a point foire, et auxquels cet établissement pourra être utile, et que ledit bourg de Raix étant situé sur les confins des provinces du Poitou et d’Angoumois, ces foires pourront favoriser le commerce des deux provinces ; un acte en forme d’avis, donné le 2 août 1767 par le juge sénéchal civil, criminel et de police de la châtellenie de Raix et le procureur fiscal de ladite justice, légalisé le 24 septembre suivant par Pierre-Dominique Vachier, conseiller en la Sénéchaussée d’Angoulême, les chefs dudit siège absens, par lequel appert que lesdits officiers de police, après avoir, en exécution dudit arrêt de la Cour, pris communication desdites lettres-patentes,
ont déclaré estimer que l’établissement desdites douze foires par an au bourg de Raix est très utile non seulement auxdits habitans dudit bourg, mais encore à ceux des paroisses circonvoisines pour la facilité du commerce, qui est actuellement très-peu usité dans lesdits lieux par l’éloignement où ils sont des endroits où il y a foire et marchés ; et qu’au moyen de l’établissement desdites foires audit lieu de Raix le commerce s’y établira avec plus de facilité, ce qui produira un bien général au public, avec d’autant plus de raison qu’il n’y a point de foires ni de marchés le 17 de chaque mois à plus de 4 ou 5 lieues dudit bourg de Raix ; autre acte passé devant Dumagnoux, notaire royal à Angoulême, et témoins, le 2 août 1767, légalisé le 22 septembre suivant par ledit Vachier, conseiller, par lequel appert que les curé, syndic et habitans dudit bourg de Raix,
convoqués et assemblés en la manière accoutumée, après avoir, en exécution dudit arrêt de la Cour, pris communication des lettres-patentes, ont unanimement déclaré consentir à leur enregistrement et exécution ; autre acte passé devant Sicard le Jeune et Crassat, notaires royaux à Angoulême, le 13 février 1768, légalisé le 22 des mêmes mois et an par le lieutenant particulier en ladite Sénéchaussée, par lequel appert que ledit impétrant auroit déclaré n’entendre faire percevoir èsdites foires autres et plus grands droits que ceux énoncés au tarif inséré audit acte et qui sont :
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1°Pour droit de bouchon sur chaque hôtelier et cabaretier en chacune foire, 2 sols et 6 deniers ;
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2° Pour le droit de vigerie et de minage sur tous les bleds (blés) exposés en vente, légumes, noix, châtaignes et sel, la 64° partie, perçue à une écuelle de cuivre, marquée aux armes du seigneur, qui fait sur 2 boisseaux ½ mesure, et des 64 boisseaux 1 boisseau, et moitié du droit sur les habitans de la châtellenie et haute justice de Raix qui achèteront pour revendre ;
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3° Sur chaque charge de poterie ou vase de terre, une pièce ;
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4° Sur chaque charge de vase à faire lessive (ponne ou cuvier), 2 sous ;
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5° Sur chaque paire de bœufs ou de veaux vendus, autres que ceux de la châtellenie et haute justice, 4 sous ;
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6° Sur chaque vache, 1 sou et 6 deniers ;
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7° Sur chaque cheval, mule, jument ou mulet, 3 sous ;
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8° Sur chaque bête (???), âne, mâle ou femelle, 1 sou ;
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9° Sur chaque cochon ou truie, 3 deniers ;
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10° Sur chaque chèvre, 6 deniers ;
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11° Sur chaque mouton ou brebis, 2 deniers ;
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12° Sur chaque boucher débitant en foire hors de la halle, 2 sous ;
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13° Sur chaque boulanger vendant en foire, 2 sous ;
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14° Sur chaque charge d’ail ou d’oignon, 6 deniers ;
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15° Sur chaque marchand forain qui étalera en foire étoffes de toutes espèces ou quincailleries et autres marchandises sous la halle, 4 sous ;
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16° Pour chacun de ceux qui étaleront au champ de foire, 2 sous.
Conclusions du procureur général du Roi ; ouï le rapport de Maître Claude Tudert, conseiller, la Cour ordonne que lesdites lettres-patentes seront registrées au greffe d’icelle, pour jouir par l’impétrant de leur effet et contenu et être exécutées selon leur forme et teneur, conformément au tarif inséré dans l’acte du 13 janvier dernier. fait au parlement, le 11 mars 1768.
Signé : Dufranc, Collationné : Cottin
Les foires commenceront à tenir le _________du mois de _________de la présente année 1768.
Il ne sera perçu aucun droit avant le 17 avril 1771.
A Angoulême, de l’imprimerie de la veuve Rézé et fils, 1768 ».
Notons que les foires de Villefagnan avaient été instituées par lettres patentes de Charles IX d’octobre 1561. Il se tenait 6 foires annuelles et un marché chaque vendredi. Elles avaient lieu habituellement les 29 septembre, 11 novembre, 22 février, pour Pâques, le 29 juin, le 1er août. Ensuite ces dates se déplacèrent vers les 16 janvier, 16 mars, 16 mai, 16 juillet, 16 septembre et 16 décembre. Enfin, à partir de 1806, les foires avaient lieu le 24 de chaque mois.
Raix a cependant profité un temps du relatif sommeil des foires de Villefagnan -
vers 1760 - sans doute délaissées car ce gros bourg était desservi par des chemins en pitoyable état, comme d’ailleurs un peu partout peu avant la révolution.
De plus, un édit de Turgot autorisa en septembre 1774 la libre circulation et les échanges des grains. La vente pouvait alors se faire librement sans avoir à se rendre aux foires. Cela contribuait à l’affaiblissement rapide de ces dernières,
jusqu’à ce que Necker supprime cet édit.
De plus, le déplacement de la route postale de Paris en Espagne vers Ruffec devait encore défavoriser ce bourg.
Raix vu du ciel en 1960.
La halle
En 1777, nous relevons dans les registres paroissiaux de Raix la preuve de l'existence d'une halle (
ou halles). Construite sans aucun doute en vue de la tenue de foires, car elle n’apparaît sur aucun des aveux et dénombrements de la châtellenie de Raix, cette halle est cadastrée en 1830 à l’emplacement de la salle des fêtes actuelle. Elle appartenait alors, de même que le champ de foire et la mare, à Jean Bénéteau qui avait racheté la propriété des héritiers de Louis le Musnier.
Mais des procès furent engagés par la commune qui se disait propriétaire de ce bien public entretenu de tous temps par les habitants. Elle fut cédée vers 1840 à la commune et louée en 1843 à Jean Bénéteau.
Reconstruite en 1881, elle abritait deux rangées de bancs. Elle fut le 30 octobre 1920 transformée en bâtiment de servitude puis en 1921 elle devient écurie communale (et affermée) pour abriter les mulets que les propriétaires acheminaient sur place la veille de la foire. En 1921 l’adjudicataire peut y loger des machines et des récoltes, il obtient le droit d’y faire des noces et banquets, mais tout feu est interdit à l’intérieur.
Le 5 février 1841, la commune dut acheter un nouveau terrain à la sortie ouest du bourg, au nord de la route de Villefagnan, afin d'y établir un second champ de foire. Cet espace allait s'agrandir et devenir le champ de foire aux bœufs et aux «
gorets ».
En 1893, la commune faisait creuser une mare sur le champ de foire aux gorets, situé sur le bord de la route départementale 27.
Il se vendait du vin et de l'eau de vie avant la crise phylloxérique, des animaux, des céréales, des œufs, des volailles et quelques produits divers : viande, poisson, pâtisserie, dentelle, vêtements etc. Le notaire de Villefagnan se déplaçait sur place afin de rencontrer ses clients. De nombreuses maisons se transformaient en auberge afin d'aider à écouler la production de vin blanc issu du cépage folle blanche et parfois du colombard.
La foire était ouverte à 6h du 1
er avril au 30 septembre, à 7h du 1
er octobre au 31 mars. Le placier affermait en 1889 la foire pour la somme de 665 fr. (450 fr. en 1926) et six années. Il bénéficie du droit de balayer les immondices (bouses) jusqu’à 3 m des propriétés privées. Le fermage sera réduit pendant la première guerre mondiale.
Les différentes races d’animaux admis : races bovine, chevaline, mulassière, asine, ovine, caprine, porcine ; veaux d’auvergne et veaux de lait.
Répartition des exposants (centre-bourg)
Voitures des marchands non utiles à la vente : parking route de Souvigné ;
Marchands drapiers, dentelles, merciers côté est interne des halles ;
Bouchers côté ouest interne des halles
Chapeliers, cloutiers, marchands chaussures, confections, graines, et autres, champ de foire en face des halles et maison Forgerit en laissant 5 mètres de passage ;
Aucun banc devant la devanture du café Forgerit (café du jour) ;
Mareyeurs, poissonniers, à partir du portail Forgerit, les jardiniers en face ;
Boulangers, pâtissiers, coquetiers, le long de la façade du château jusqu’à la barrière Bénéteau (Lassoudière aujourd’hui) ; les marchands de confection seront en face ;
Teinturiers, cordiers, ferblantiers et quincailliers après la barrière Bénéteau (Lassoudière aujourd’hui) le long du jardin.
Ces foires ont favorisé l’arrivée des machines agricoles modernes, en exposant et offrant les premières charrues Dombasle, puis les brabant réversibles, les premières faucheuses, les premières moissonneuses-lieuses. Ces machines étaient exposées devant la halle.
Les auberges
Louis Bénéteau, agent des eaux et forêts de la châtellenie, était aubergiste en 1775 et débitant de vin en 1791. Il habitait en face de la mare, le long du chemin de Tusson, à main droite une ancienne maison maintenant détruite, qui prolongeait jusqu’à la route celle de monsieur François Chartier. Les premiers établissements de ce type devaient n’ouvrir que les jours de foire. Il n’existait pas encore vraiment d’auberges. Ces dernières apparurent surtout vers 1830. Le château fut l’une des premières avec pour tenancier Jean Bénéteau, fils de Louis. Appelées aussi cabarets, elles étaient ainsi nombreuses le 17 ou 18 de chaque mois à offrir au visiteur quelque hospitalité.
Ci-dessous la liste des patentes payées par quelques habitants de la commune en 1791 et 1792. Ces patentes étaient payées par des commerçants et artisans dont souvent l’activité était décuplée les jours de foire.
En 1791 :
Louis Bénéteau (auberge) : |
patente supérieure, |
22 livres 10 sous ; |
André Bernardin Labbé : |
patente supérieure, |
22 livres 10 sous ; |
Pierre Mourier (sabotier) : |
patente simple, |
12 sous ; |
Pierre Bertrand : |
patente simple, |
3 livres. |
En 1792 :
Pierre Mourier (sabotier) : |
patente simple, |
8 sous pour 6 mois ; |
Pierre Bertrand : |
patente simple, |
15 sous pour 6 mois ; |
Françoise Rousseau (cabaretière) : |
|
15 livres pour 6 mois ; |
Jean Bernardin (débitant de vin) : |
|
3 livres pour 1 mois ; |
François Goyaud (maçon) : |
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4 sous pour 6 mois ; |
Charles Goyaud : |
|
4 sous pour 6 mois ; |
André Bernardin (débitant de vin) : |
|
9 livres pour 3 mois. |
La
Croix Blanche tenue par la famille Hugon (
Brave-Homme) devait concurrencer l'auberge du château (
salle du rez de chaussée, ancienne salle du tribunal) et chiper les clients du café Bénéteau. Il s'agissait des toutes premières auberges dignes de ce nom. Par la suite, une autre s'établit dans une autre maison Hugon (plus bas), une encore chez Lassoudière, une autre à droite au-dessus de chez Hugon, à l'angle formé par la route de Courcôme et Souvigné (
maison Lizot).
Certaines se tenaient autour et dans les environs du champ de foire aux bœufs ; par exemple, la maison Grelon, la vieille maison Delaunay (
autrefois Brothier) et la « Faucheuse ».
De nombreux visiteurs se rendaient à Raix les 17 de chaque mois et pouvaient profiter des auberges. Ces auberges étaient tellement renommées que les marchands y descendaient systématiquement les veilles de foires à Mansle, Aunac, Verteuil et Saint-Angeau, Montignac...
Après 1880, la crise phylloxérique terminée, l'élevage et le commerce de mulets et poulains - quoique déjà renommé depuis longtemps sur le plateau de Villefagnan - prit une importance sans commune mesure et sauva sans doute Raix de la faillite. Il faut se souvenir que le train, par la ligne de Ruffec à Niort inaugurée en 1885, apporta la possibilité d'expédier les animaux et d'en faire venir (des box avaient été créé dans les stations), de même que les engrais nécessaires à l'amendement des prairies artificielles.
Très renommées et prisées, les foires de Raix attiraient les Espagnols, les Béarnais et Dauphinois, les courtiers et marchands puis de nombreux commerçants de Ruffec. Les mulets arrivaient de toute la région pour être achetés et revendus à l’armée et aux montagnards.
Les veilles et jours de foire, les maréchaux-ferrants paraient les chevaux, poulains et mulets arrivés à « la queue leu leu » (
attachés les uns derrière les autres par la queue). Ils rectifiaient le posé du pied, de façon à corriger d’éventuelles déformations. Au début du siècle, pour l’un, la forge et sa maison se tenaient à l'endroit où se situe maintenant la maison Bœuf, la forge dessous, la maison au-dessus.
Pour l’autre, la forge existe encore, mais transformée en buanderie par madame Chartier. Des écuries furent établies pour abriter les animaux : l’écurie communale dans la halle, une écurie appartenant à M. Dindinaud, route de Courcôme, aujourd'hui démolie, une autre chez M. Hugon, décorée de briques, toujours existante, établie pour 80 mulets. Enfin, une autre très grande écurie à l’entrée du village, à droite lorsque l’on vient de Villefagnan pouvait aussi abriter 80 mulets. Elle appartenait au propriétaire d’une auberge rebaptisée vers 1985 la « Faucheuse ».
Des marchands de bœufs arrivaient de la région de Chef-Boutonne pour vendre leurs bêtes, surtout aux foires de janvier, février, mars, avril et août.
Chacun essayait de profiter de ces foires pour améliorer ses ressources, en louant ses écuries, en vendant un peu de vin, en préparant quelques petites bottes de sainfoin afin de les vendre aux marchands et acheteurs de chevaux.
Les champs de foire étaient affermés chaque année à un placier. Le tarif demandé par la commune était de trois cents francs en 1931. Ce placier (
M. Courtioux de la Groge en 1935), était chargé contre paiement d'attribuer traditionnellement les places aux exposants. Il se ménageait ainsi un petit bénéfice de façon à disposer d'une source de revenus complémentaires. Par ailleurs, il bénéficiait des fruits produits par les noyers plantés sur le champ de foire.
Le champ de foire aux bœufs et cochons perdait de son intérêt après la guerre de 14-18. Il ne s’y vendait d'ailleurs plus que quelques bœufs vers 1920.
Un registre de délibération de la commune signale en 1935 la baisse de la fréquentation des foires. En effet, après un renouveau apparu dès la fin de la guerre de 1914-1918, les foires déclinèrent ensuite progressivement dès le début des années 30.
Les clients espagnols et les divers acheteurs avaient alors pris l’habitude de se rendre directement chez les éleveurs (
ou chez les marchands) et « faisaient ainsi affaire sur place ».
Les écuries communales étaient affermées en 1921 à monsieur Brigot pour 200 francs l'an. A la fin de 1936, le placier demanda la résiliation de son bail. En effet, les foires n'étaient quasiment plus fréquentées et, de plus, sept des huit noyers que comptait le champ de foire aux bœufs avaient été broyés par un ouragan dans la nuit du 22 au 23 février 1935. La conseil municipal prit la décision que 1936 serait la dernière année et mit fin au bail des droits de « plaçage » en janvier 1937.
C'était terminé, avec les foires disparaissait tout un pan d'une grande et riche époque...
Les anciennes halles sont devenues salle des fêtes après la seconde guerre mondiale - et le sont encore-.